~ CHASSEUR MALCHANCEUX
privé Étoile de Rose

Il pleuvait. Une pluie aux gouttelettes fines et froides. Avec elle était venu un épais brouillard. Un halo blanchâtre englobait la forme floue de la Lune. Elle éclairait de ses rayons la forêt, projetant sur la terre de longues ombres, épaisses à la base, fines à la cime. Au travers de ces ombres se faufilait un félin, furetant tranquillement entre les buissons et courant allègrement sur le tapis de feuilles mortes. Un silence tout particulier régnait. Les bruits nocturnes qui envahissaient habituellement la forêt au crépuscule ne s'entendaient pas. Seul le croassement de quelques corbeaux hauts dans le ciel parvenait à percer cet étrange silence. Le félin leva la tête, cherchant du regard lesdits oiseaux de malheurs. Il ne les vit pas et reprit sa course.

Vent du Nord s'arrêta au creux d'un pin âgé. Son pelage lui collait à la peau, mais il s'en fichait. Tout ce qu'il voulait, s'était se poser dans un coin tranquille, sans le ronflement incessant de ses camarades. Le creux était tapissé d'une épaisse couche d'aiguilles. Il la tâta du bout de la patte. Elle était solide. Il s'y coucha, ses pattes avant dépliées. Doucement, il posa sa tête dessus et ferma ses yeux.

Crac ! Le bruit retentit à travers toute la forêt et fit s'envoler un rapace. Le guerrier noir et blanc ouvrit les yeux, et fit parcourir son regard bleu sur les environs. L'aube pointait. Le soleil déversait sur la forêt sa douce lueur.
Soudainement, une souris passa devant lui à vive allure.Ce disant que cette fois serait la bonne, il s'élança à sa poursuite. Il gagnait du terrain. Étant à une ou deux queues de renard du rongeur, il fléchit son arrière train, comme le lui avait apprit son mentor. Mais là où il posa sa patte, sur un bout de terre humide, il dérapa et s'étala de tout son long par terre.

Etoile de Rose s'étira longuement dans la tanière lugubre qu'était son antre, elle se lécha le poitrail et entreprit une petite toilette, quand elle pointa le museau dehors, le soleil baignait la combe d'une rassurante lueur jaune malgré le froid mordant de la saison des feuilles mortes qui commençait à prendre place désormais. Les patrouilles s'activaient, les mentors sortirent avec leurs apprentis, le camp s'éveillait et prenait la cadence des beaux jours. Malgré toute cette joie que cela provoquait chez la meneuse, elle ne pouvait s'empêcher de penser à Ouragan d'Espoir, une grosse dispute avait éclatée entre eux, entre autre à cause de sa fille à lui, et malgré leur amour réciproque, ils avaient décidé de faire un "break", bien sûr leurs quatre enfants se demandaient se qu'il se passait mais ils étaient assez grand pour comprendre que les relations étaient très compliquées. Elle l'aimait mais elle ne lui faisait plus confiance, d'où sa descente au rang de guerrier, chose que le mâle charbonneux n'avait pas digérer. Quand il passa à sa hauteur, elle l'ignora royalement, il ne pouvait pas gâcher cette journée qui avait si bien commencée. La meneuse pris le chemin du sycomore, là haut elle trouverait un peu de sérénité. Elle avança parmi les effluves de l'aube, découvrant Vent du Nord, un de ses guerriers et ami, elle avait suivi le guerrier de sa naissance à maintenant et s'entendait très bien avec lui, il était encore étendu lorsqu'elle l'entrevu puis il chassa une souris et s'étala de tout son long sur le sol meuble, pouffant un peu, Etoile de Rose avança dans la clairière et le guerrier la découvrit, elle ria un moment puis lança,

"Eh bien je ne savais pas que ton mentor t'avais appris la position de la planche pour chasser la souris Vent du Nord ! "

" Eh bien je ne savais pas que ton mentor t'avais appris la position de la planche pour chasser la souris Vent du Nord ! "

L'interpellé regarda la meneuse. Tandis qu'elle rigolait, il se releva. Son pelage était tâché de partout. Il n'était plus noir et blanc, mais marron et noir. Sans vraiment y faire attention, il s'assit face à Étoile de Rose et lui répliqua :

" C'est ça, rigole donc de moi ! J'y peux rien, j'ai toujours été mauvais à la chasse ! "

Vent repensa un instant à son mentor ... C'était lui qui lui avait tout apprit. Comment attaquer un ennemi par surprise, comment chasser une proie avec discrétion ... Mais malgré l'insistance et l'acharnement dont son aîné avait fait preuve, il en était venu à la conclusion que Vent n'était pas fait pour la chasse. Il connaissait toutes les positions et astuces, mais le sort semblait contre lui.
Mais en contre-parti, il avait acquit une grande aptitude au combat. Étoile de Rose avait été la première à l'encourager (j'invente hein. ;] ) . Elle l'avait suivit tout au long de sa vie. Il se rappelait facilement de la fois où il était sortit du camp et qu'il s'était fait attaquer par un renard ... Il se souvenait de sa visite dans la tanière du Guérisseur, lorsqu'elle était venue le gronder. Elle n'avait pas été méchante, mais les propos qu'elle avait tenu l'avait plus ou moins affecté et l'avait partiellement changé. Tout de fois, il avait toujours cette attitude désinvolte et insouciante de s'adresser aux gens, tout rangs confondus ...

" En tout cas, qu'es-tu venue faire ici ? Si ce n'est pour me voir ainsi, tu as certainement d'autres choses plus importantes qui méritent ton attention, non ? "

"Tous mes guerriers méritent mon attention, nous sommes en pleine période où les feuilles tombent, le gibier se cache et les maladies arrivent, alors je supervise un peu tout."

Etoile de rose avait un peu menti, elle savait que le guerrier venait ici précisément et pour l'avoir beaucoup fréquenté l'année passé alors qu'elle n'était pas avec Ouragan d'Espoir elle savait qu'il était à son écoute et que c'était aussi un des plus loyaux guerriers de son clan. Justement son couple battait de l'aile, elle avait été obligé de destituer Ouragan d'Espoir de son poste de lieutenant, bien sûr cela ne l'enchantait pas mais elle devait garder toute partialité face aux autres guerriers. Elle s'assis et enroula sa queue autour de ses pattes, le regard vers le sol elle se rappela oh! combien elle aimait Ouragan d'Espoir mais oh! combien il la décevait. Regardant le matou en face d'elle elle déballa aussi vite son ressentiment sachant que Vent du Nord était aussi son ami, et qu'il ne la jugerait pas mais la conseillerait plutôt, qu'elle trouve un peu de compassion et de réconfort,

"Avec Ouragan d'Espoir ça ne va pas du tout..."

Vent du Nord dévisagea un instant la meneuse. Bien qu'elle ne fût plus toute jeune, elle gardait, malgré les assauts du temps, toute sa grâce et sa sagesse. Elle conservait toujours la foi de ces guerriers. Il ne pouvait qu'admirer ... Étoile de Rose s'assit par terre, enroulant sa queue autour de ses pattes. Le visage soudain las, elle soupira. Visiblement, autre chose que les affaires du clan occupait son esprit. Pourtant, il sembla à Vent qu'elle avait destitué Ouragan d'Espoir de ses fonctions, et qu'elle avait dû nommer un autre lieutenant à sa place. Comme si ce souvenir lui était douloureux, elle confirma sa pensée :

" Avec Ouragan d'Espoir ça ne va pas du tout... "

Un puissant vent balaya ces paroles, si bien qu'il n'en entendit que la moitié, mais assez pour en comprendre le sens. Du regard, il comprit qu'elle recherchai du réconfort. Bien qu'il ne fût point au courant des amourettes inter-clan, il avait cependant entendu des rumeurs comme quoi Étoile de Rose était en couple avec Ouragan d'Espoir, mais que tout n'allait pas ... bien. La confiance ne régnant entre eux, leur « rupture » s'était soldée par la perte du rang de ce dernier. Cela avait dû lui coûter fort, pour qu'elle lui confie cela. Mais Vent du Nord n'y connaissait strictement rien à l'amour, n'ayant jamais eu plus que de l'affection pour un quelconque félin. L'amour se rapprochait trop de l'amitié pour qu'il s'en souci. Il s'approcha de la chatte couguar et posa sa queue sur son épaule.

" Ne t'inquiètes pas ! Je n'y connais peut-être pas grand chose, mais, si tu veux mon avis, oublis-le quelques instants, cela te feras le plus grand bien ! Il faut penser à t'amuser dans la vie ! Bon certes, elle n'est pas toujours rose et elle ne nous souris pas tout le temps non plus, mais cela n'est point une raison pour tomber dans les noires abîmes de la tristesse ! "

D'un air conciliant, il lui offrit son meilleur sourire.