Le jeune matou sursauta à l'approche de son mentor. Il cligna lentement des yeux, encore à mi-chemin entre le rêve et la réalité, et du se concentrer un maximum pour écouter Silence du Rossignol. Ce dernier sortit de la tanière des apprentis pour l'attendre vers l'entrée du camp. Nuage du Faucon se redressa et étira tout ses membres. Il avait dormi à côté de Nuage de Tortue : eux-deux étaient les seuls apprentis du clan. Mais Nuage de Tortue rejoindrait bientôt la tanière des guerriers, et bientôt, le novice serait le seul à dormir ici. La solitude ne lui déplaisait pas, mais il aurait tout de même préféré avoir un peu plus de compagnie.

Il se lécha le poitrail pour se débarasser de quelques bouts de mousse et sortit silencieusement du gîte. C'était le crépuscule, et le ciel était un d'un bleu ni clair ni sombre, un beau bleu. Le soleil ne tarderait pas à se lever pour illuminer la forêt. Voir le camp calme, avec presque tout le monde en train de domir, lui faisait bizarre, mais bientôt la patrouille de nuit reviendrait laisser place à celle de l'aube. Nuage du Faucon courut vers le tas de gibier et se choisit un mulot qu'il dévora sans attendre. Une fois son repas finit, il alla enterrer les os dans le coin réservé pour et trottina vers son mentor avant de s'asseoir sagement à côté de lui.

Nuage du Faucon savait que Silence du Rossignol était né chat domestique, et il avait souvent entendu parler de son histoire. Il avait entendu quelques chats soupçonneux à son encontre, mais d'autres lui disaient qu'il ne suffisait pas d'être né sauvage pour appartenir à un clan. Nuage du Faucon espérait que c'était vrai, mais au fond de lui, il sentait que Silence du Rossignol allait être un bon entraîneur, et en plus il avait l'air gentil. Et ce qui amusait le plus le novice, c'était qu'ils possédaient tous les deux la même sorte de pelage bengale, alors que ce pelage-ci était assez inhabituel chez un chat sauvage.

« Bonjour Silence du Rossignol. Que faisons-nous aujourd'hui ? »

Nuage du faucon venait de rejoindre Silence du Rossignol devant l’entrée du camp. Il avait l’air pensif, puis une lueur d’amusement fit pétiller ses prunelles. Le guerrier était fier d’avoir été choisit pour être le mentor du jeune male. Nuage du Faucon lui paraissait prometteur et il avait bien l’attention de prouver que son entrainement ferait de la jeune recrue un petit prodige.

La voix posé de son apprenti le tira de ses pensés utopiques :

- Bonjour Silence du Rossignol. Que faisons-nous aujourd'hui ?

Le male au pelage bengale, comme son protégé, était stupéfait. Nuage du faucon était venu s’assoir sagement a coté de lui. Contrairement aux autres apprentis et a lui-même au même âge, il ne paraissait pas surexciter a l’idée de participer a son premier entrainement.

Il répondit, bégayant un peu, tout décontenancé qu’il était :

-Je…tu vas appr… apprendre à te battre.

Silence du Rossignol après avoir laisser passer un temps, s’enfonça dans le tunnel d’ajonc et se dirigea vers l’îlot, se retournant de temps en temps afin de vérifier que son apprenti le suivait.

Arriver sur la berge, le guerrier tacheté s’assit la queue autour des pattes et dit à son apprenti :

-Nous nous entrainerons sur l’îlot, mais avant il faut que l’on traverse. Passe devant et ne t’inquiète pas je serais juste derrière toi …

Nuage du Faucon fut surpris lorsque son mentor lui expliqua qu'aujourd'hui ils allaient s'entraîner au combat. D'abord parce que Silence du Rossignol lui avait parlé avec une petite maladresse dans sa voix - l'apprenti ne voyait pas pourquoi il avait eu l'air si étonné - mais aussi parce que comme premier entraînement, il allait se battre. En fait, c'était tant mieux : généralement, le premier jour, les apprentis faisaient une petite visite du territoire. Dans sa tête, le jeunot se disait qu'il aurait tout le temps de le découvrir une autre fois : il voulait passer aux choses plus intéressantes, comme la chasse ou le combat. Très enthousiaste, il se redressa d'un bon et suivit le chat bengale à travers un terrain qui devait surtout servir à la chasse : il y avait peu d'arbres comme on en trouvait sur le territoire du Clan du Tonnerre, mais les arbustes, les buissons et les mauvaises herbes recouvraient presque entièrement les lieux. Il y aurait bien fait une partie de cache-cache avec un autre apprenti, mais le seul novice qui restait était Nuage des Ténèbres, un jeune matou noir d'environ six lunes lui aussi, et ce novice n'appréciait guère la compagnie et semblait un peu ronchon du point de vue de Nuage du Faucon. Quant à Nuage de Tortue, elle allait bientôt être nommée guerrière, alors elle avait sûrement mieux à faire que de s'amuser. Parfois quand il était dans la pouponnière, Nuage du Faucon se sentait très seul. Il se disait qu'avec son entraînement, il s'ennuierait beaucoup moins.

Au bout d'un moment, la végétation autour d'eux s'éclaircit et le sol commença à se faire spongieux sous les pattes de l'apprenti. Il n'aimait pas trop cette sensation, mais il s'y ferait, comme tous les chats de son Clan. Silence du Rossignol s'arrêta quelques pas devant lui et lui dit qu'il fallait traverser le bras d'eau qui les séparait du fameux ilôt où se déroulaient la plupart des entraînements au combat. Nuage du Faucon avança, hésitant, mais d'un pas régulier pour ne pas montrer sa nervosité. Il avait beau appartenir au Clan de la Rivière, il fut soudain prit de doutes et de pensées plus saugrenues les unes que les autres. Je n'ai encore jamais nagé. Et si je n'étais pas comme tous les chats de mon Clan ? Et si j'étais mauvais à la nage ? Il continua cependant d'avancer. Il perdit pied vers le milieu parce qu'il était encore petit, mais il se dit que nager était comme courir, il fallait battre des pattes... En fait, ce n'est pas si difficile qu'il n'y paraît ! Soulagé, il atteignit le bord de l'ilôt sans encombre, suivit par son mentor. Il s'ébroua un peu plus loin et rejoignit Silence du Rossignol en trottinant, tout fier.

« J'ai réussi ! Et maintenant, c'est où ? »