Tout s'était passé si vite. Je n'avais pas trés bien réalisé l'ampleur de la chose.. Je l'emmenais au pied du grand syomore, qui était proche du camps. Sur la route, le silence était de rigueur. Sur le chemin, je réfléchissais à mon dicours, aux arguments que je lui donnerais. Je ne me voyais pas lui dire la vérité, elle ne comprendrait pas forcément. Quoi que, je suis de nature franche..
Si je lui disais que je l'aimais à un crever, que je l'aimais à contre sens, mais que je me refusais à une telle tentation par la simple angoisse de la perdre. Je n'ai pour l'instant aucune confiance en moi. J'ai trop peur de perdre celle qui me guide. Je ne peux pas lui crier qu'elle est pour moi une princesse que je protège, que je veux posséder juste pour mes yeux. Si je renonce à l'aimer, c'est seulement pour la préserver, seulement pour lui éviter des maux inutiles... Va-t-elle comprendre ?
Je ne suis même pas sûr de ce que je dis.. Ma fierté était bien loin, mon assurance aussi. Elle venait de devaster mon monde, elle venait de devenir mon obsession..
Je demeurais tête baissé jusqu'à m'arreter, devant elle. Elle leva ses yeux larmoyant et me fixa. J'étais le coupable de sa tristesse, l'accusé que le monde haïe, même celle qui l'aime. Dans un élan de courage, je me lança dans le vide, ne sachant plus à quoi m'attendre.
" Pas besoin de te dire que je m'en veux, ni te dire que je te demande pardon, ça n'aurait pas plus d'importance que ça. Mais, je veux seulement, te préciser une chose, une simple chose, une chose si évidente que tu as du la perdre de vu.. Je t'aime à en mourir, je t'aime tellement que je me refuse à t'aimer encore plus que maintenant. J'évite de penser que je suis amoureux, j'évite de me dire que je serais capable de te briser le coeur. Parce que, lorsque tu es triste, je me sens coupable. Je veux seulement t'éviter de souffrir, c'est pour ton bien.. "
Pathétique.. Je suis pathétique..
" Je vais te sortir une phrase toute faite, une phrase si banale mais.. Tu mérite tellement mieux que moi.. "
Je la voyais desinteressée. Il fallait que je me jette à l'eau, que je lui avoue vraiment tout, sinon, jamais je ne la garderais..
" Mais mince Rosée, je t'aime tellement ! L'angoisse de te perdre, la peur qu'il t'arrive quelque chose sont mes plus terribles cauchemards ! Tu es la personne dont j'ai le plus besoin, si tu n'exitais plus, je n'aurais plus qu'à me balancer dans la rivière ! Tu es mon âme, tu es ma plume ! Tu écris mon histoire, tu me guide lorsque je me trompe ! Tu es ma muse, celle qui comprend mes maux, celle qui panse mes peurs et celle qui s'efface pour me laisser faire des conneries ! Sans toi je suis.. "
Je m'emportais, je ne m'arretais pas. Ne sachant plus comment m'exprimer ne sachant plus si je devais sourire ou pleurer. Finalement, j'accourus à ses pattes. J'implorais son pardon. Un voile grisâtre recouvrait mes yeux. Mon regard ne pétillait plus, il était éteint. J'étais un corps sans vie. Plus rien ne l'animait. Je la prit entre mes pattes, lui répétant que je l'aimais, que la peur de la perdre me hantait, et que j'avais besoin d'elle. Mais je doutais trop, la peur de regretter de m'empêcher de l'aimer. Mais je me rappellais sans cesse les raisons de cette absurde interdiction.
Je m'éloigna, la laissant respirer avant d'une dernière fois lui glisser quelques paroles.
" Je suis rien.. "
Je leva la tête, une lueur d'espoir luisait soudainement.
" Je veux t'éviter des maux inutiles.. "
Je cherchais le moyen de formuler une solution à mon incertitude, et je n'en voyait qu'une seule, qui ne m'enchantais pas..
" Demain, je voudrais que l'on se revoit, ici.. Je veux.. que l'on trouve une sorte de.. compromis.. "
Je m'approcha doucement d'elle, ne voulant pas la froisser, ne voulant rien gâcher.. Mon museau près du sien, je lui glissa :
" Ma veillée va commencer.. Pense à tout ça.. Réfléchis à ce que tu veux vraiment.. "
Je ne la quitta pas des yeux et partis à reculons. Avant de finalement me résigner à me retourner et à prendre le chemin du camps, impatient de revoir celle qui m'animait.