Serre de Rapace courait à petite foulées sur les hauts plateux. Il y faisait une chaleur étouffante. Le jeune matou s'était levé très tôt ce matin pour chasser alors que le soleil ne menaçait pas de le tuer.
Une fois bien au milieu du "désert", il se plaqua au sol. La matinée était remplacée par le midi depuis bien longtemps, et le soleil était haut dans le ciel. Le pelage épaix du chat bicolore n'était pas vraiment un avantage en été...
Et ses griffes non plus : Il ne pouvait pas les rentrer...
Il se coula dans sur le sol poussiéreux en espérant trouver quelque chose à ramener au camps.

Il avait vu en rêve, une fois de plus, sa mère tomber dans les chutes. Presque toute les nuits, il revivait ça.
Mais ressasser son passé, aussi tragique qu'il soit, ne servait à rien. Il devait vivre son présent. Malheureusement, il avait en lui le terrible présentiment que son père, le lâche qui l'avait abandonné, était en vie et voulait le tuer. La mort d'Oreille de Jais n'avait pas l'air de lui faire beaucoup de mal, puisqu'il n'avait pas refait surface.

Serre de Rapace, comme à son habitude, secoua la tête. Puis il aperçus une touffe de fourrure. Lentement, très lentement, il releva la tête. Un lapin se tenait devant. Il l'avait vu. L'estomac du guerrier gronda.
Il sauta sans prévenir. Le lapin s'enfuit. Le matou le poursuivis dans sur les hauts plateaux, avant que l'animal ne file ventre à terre.
Mais le jeune guerrier avait de la resource : il n'abandonna pas la chasse. Il courut après sa proie, hors d'haleine.
Le rongeur franchit alors la frontière avec le clan de l'Ombre.

° J'y vais ? J'y vais pas ?°

Serre de Rapace secoua encore la tête. Mieux valait ne prendre aucun risque. Le clan de l'Ombre et du Vent n'étaient pas encore en guerre, et le jeune guerrier trouvait ça très bien ainsi... Car une guerre contre Nuage de Ciel serait un déchirement pour lui.
Soudain, il entendit un bruit. Sûrement quelqu'un du clan de l'Ombre. Ce chat l'avait vu, et il ne semblait pas vouloir être discret.

"Je vous jure que je n'est pas franchis la frontière ! Je ne vous espionne pas non plus !"

Serre de Rapace hérissa son pelage. Normal. Un guerrier ennemis en vue, enfin, une guerrière, plutôt jolie avec ça, était en face de lui. Elle le fixa de ses prunelles brillantes.
Elle fixais ses griffes. Aïe. Il était incapable de les rentrer. Il pouvait représenter une terrible menace pour elle. Enfin, elle pouvait comprendre ça.
Il ne voulait pas se battre contre elle. Il risquait d'attirer des différents entre son clan et celui de l'Ombre.

Et donc celui de Nuage de Ciel. Il se souvint du jour où il l'avait sauvée, elle et deux chatonnes, d'une mort certaines.
Cela s'était passé sur les terres de l'Ombre, au vieux marronier. Il avait remarqué sur lui le regard enchanté de la chatonne rousse. Celle-ci avait à peine une lune !
Il se reconcentra sur la femelle. Elle s'était détendue.

Elle lui lança qu'il aurait dû être plus rapide. Les félins du clan du Vent étaient très réputés pour leur vitesse fénoménales ; le guerrier bicolore était pourtant exclus du lot : ses griffes ne lui permettait pas de courrir très vite lorsqu'il ne les avait pas taillé sur une branche. Il prenait grand soin de ses "serres", mais il avait parfois la flemme de s'en occuper.

Il s'inclina avec respect devant la jolie femelle avant de lui lançer son plus beau regard, qu'il avait hériter de Blood. Cela le dégoutait d'ailleurs. Blood...
Le retrouver. Le plus cher souhait du matou du Vent. Le faire parler. Il devait avoir bien peu de coeur pour abandonné une femelle et son chaton... Pour quoi ? Une vie minable de solitaire !
Serre de Rapace se concentra.

"Tu as sûrement raison."

Il fit retomber sa fourrure hérisser. Mieux valait changer de sujet. Parler de ses griffes n'était pas son passe-temps favoris.

"Comment va la portée du clan de l'Ombre ? J'ai entendus que votre lieutenant, Pyramide du Sphinx, avait eu des chatons avec Feuille d'Automne."

En réaliter, il s'en fichait pas mal, mais il pensait que demander des nouvelles à la guerrière la détendrait un peu. Il s'assit et lui sourit de nouveau. Il hésitait à lui faire un clin d'oeil. Nan : trop exagéré. Elle allait croire qu'elle lui plaisait.

Le jeune matou pencha la tête de côté, interrogateur.