Il était une fois... Rien du tout.

Rien à faire en cette belle fin de journée. Ou alors tellement peu de chose que ça en devient ridicule. Tempête de Luciole n'avait pas envie d'aller voir son amour Aigue Marine, ni de rendre visite à son fils unique adoré Cœur d'Abeille. Elle avait déjà chassé pour son Clan, et aucune autre patrouille de chasse n'était prévue. Aucune patrouille tout court n'était prévue. Pour cause, c'était la fin de la journée. En résumé, la chatte grise tigré n'avait rien à faire. Elle aurait pu aller dormir dans la tanière des guerriers, comme tous les chats normalement constitués, et c'est bien pour ça qu'elle se rendit aux champs, territoire qui n'appartenait même pas au Clan du Tonnerre.
Logique, quand tu nous tiens...

Mais c'est tellement beau, comme endroit, les champs, en cette saison. Le soleil donnait des reflet d'or pur à certaine fleurs et un éclat brillant à d'autres, tandis que le vent faisait danser les quelques touffes d'herbe qui avaient survécus à la chaleur sèche et au manque d'eau. Toutes ces couleurs magnifiques sont si belles à voir que Tempête de Luciole avait décidé de se rendre aux champs tandis que la nuit tombait.
Logique, logique, quand je vous disait que notre belle luciole était logique...

En marchant assez vite, peut-être qu'elle arrivera à capturer du regard les derniers rayons rougeoyants du soleil se perdant sur l'étendue de verdure...
Finalement, Tempête de Luciole sortit du couvert des arbres juste au moment ou le soleil mourrait en disparaissant derrière l'horizon, dans une explosion de couleurs chaudes, du rouge, du rose, du jaune... Comme pour s'excuser d'avoir encore une fois perdu face aux ténèbres. Ou peut-être pour qu'on continue à espérer que demain, il reviendra...

Et c'est à ce moment très précis que la guerrière du Clan du Tonnerre se demanda pourquoi elle était venue là. Un peu tard pour penser à ça, ma petite, non ?
Mais c'est en respirant l'air frais de ce début de soirée qu'elle trouva sa réponse. Presque aucune odeur, à par celle de la nature. C'était ça, le privilège de ceux qui se baladaient en terrain neutre. Personne ne viendrait pour marquer son territoire. Ce manque d'odeur laissait comme un arrière goût de liberté. Très agréable.

C'est en zigzaguant entre quelques épis de blé et les rares brins d'herbe qui se trouvaient à l'entrée des champs qu'elle repéra finalement une ou deux odeurs diffuses de chats. Impossible de dire depuis quand elles sont là ou à qui elles appartenaient... Mais aucun risque que Tempête de Luciole ne croise leur propriétaire, tellement elles étaient anciennes.
Un bruissement d'herbe lui fit lever la tête et pointer les oreilles. Une souris passait par là. Tout à coup, elle se mit vaguement en position de chasse, là gueule entrouverte. Mais ce n'était qu'un pur réflexe, car elle n'avait vraiment pas envie de chasser les petites musaraignes retardataires...

Mais ce geste a au moins eu le mérite de mettre Tempête de Luciole sur une autre piste, un peu plus sérieuse. Une odeur beaucoup plus récente. Trop récente, même.

Qui est là ?

C'est exactement ce qu'aurait demandé Tempête de Luciole si elle aurait aimé connaître la réponse. Mais ça sentait le Clan de la Rivière. Et, franchement, quel chat de cette forêt aurait aimé avoir à parler avec un chat de la Rivière ? En partant du principe qu'il se contente de répondre, et non de vous sauter dessus...
Bon, d'accord, Tempête n'était pas vraiment comme ça, à cataloguer tout le monde sur une simple odeur laissée sur un brin d'herbe. En fait, c'est plutôt une chatte tolérante, et puis ça fait longtemps qu'on avait plus entendu parler de ce Clan de chats mouillés maléfiques... Donc, qui sait ?

La logique voudrait que Tempête de Luciole tombe sur un ennemi. Mais bon, pour ce qu'elle vaut, la logique...