Parce que nous, hein, on doit avoir des privilèges, évidemment 8D

Après une bonne journée de travail acharné (ou pas) la guérisseuse venteuse estimait mériter un bon dîner. Si, si, elle avait travaillé. Vous ne me croyez pas ? Très bien.

Tout d'abord, à l'aube, elle avait accompagné son apprentie chercher des plantes, ce qu'elle n'avait pas fait depuis des semaines. Ensuite, elle avait du retrier entièrement la réserve de plantes, ce qui lui avait pris beaucoup de temps, surtout que Nuage de Nacre ne l'avait pas aidée, devant s'occuper d'un plan de refortification du camp. Fortification, mon oeil oui ! Elle n'avait quasiment du rien faire, tous les autres faisant la majorité du truc ! Bref, tout ça pour dire qu'elle avait tout retrié : baies, feuilles, graines, racines, onguents, pommades, préparations... Ensuite, elle avait montré comment faire un tisane de camomille à son apprentie, avant de s'occuper de ses nombreux malades (que des égratinures, rien de bien grave !).

L'après-midi, elle avait rendu visite à Bouton d'Or, cette pauvre fille amoureuse de Ciel d'Hiver. Pourquoi donc s'engager dans une histoire pareille, alors que tout était interdit ? Après Fleur de Cannelle qui aimait Lac des Cygnes (bon d'accord maintenant il faisait partie du Clan du Vent, mais quand même !), à présent la guérisseuse ombreuse aimait un guerrier du Tonnerre ! Par le Clan des Etoiles, mais qu'est-ce qu'elles avaient donc dans la tête ? Des souris empaillées ?

Ensuite, elle était retournée au camp, s'était occupée des Anciens, était passée voir les reines pour vérifier que tout allait bien (un chaton toussait, début de mal vert ?) avant de retourner à sa caverne, discutant âprement avec sa novice des mérites comparés de la feuille de chêne séchée et de la sève d'érable. Chacune convaincue de détenir le nouveau remède des futurs pionniers de la science, elles étaient parties dans un débat à n'en plus finir jusqu'à ce que le couchant ne les surprenne.

Feuille d'Or désirait donc à présent remplir son ventre désespérément vide puisqu'elle n'avait ni mangé le matin ni le midi. Considérant qu'il était temps qu'elle se précipite vers la pile de gibier, elle s'exécuta aussitôt, prenant congé de Nuage de Nacre. Arrivée sur les lieux du crime, elle dut faire face à une foule de guerriers réclamant leur part. Furieuse, elle cria (ou pour être plus juste, gueula) :

- Sauf si vous voulez voir votre médecin crever de faim, je vous conseillerai de me laisser passer, merci !

Trèfle des Prés s'était levée de sa couche péniblement, après une courte sieste. Sa chef inutile lui avait ordonné inutilement de faire une patrouille inutile avec une personne inutile. Quoi de pire pour une mauvaise journée ? Enfin, il fallait bien obéir aux ordres de la dame. C'est ainsi que la guerrière s’était retrouvée dans la foret et dans les landes, avec sa sœur. Elles avaient trottiné le long des frontières, se crachant quelques fois dessus, discutant véhémentement à en réveiller un sourd. Au final, en passant près de la rivière, elle s'était à moitié bagarrées ce qui finit dans l'eau glacée. Elle étaient aussi énervées l'une que l'autre et elles bâclèrent leur patrouille pour rentrer.

Trèfle des Prés rentra dans le camp, trempée jusqu'à l'os et furieuse. Le soleil n'était plus bien fier à ce moment de la journée et la chatte tigrée, malgré elle, avait passé sa journée en mauvaise compagnie. Sa sœur l'agaçait au plus haut point. Vous allez me dire "qui n'agace pas Trèfle des Prés ?", mais cette chatte là, sa sœur, et bien je vous l'affirme ça dépasse toutes vos attentes ! En bref, journée pourrie.
La guerrière tigrée posa sa patte congelée sur la neige de la clairière venteuse. Dans la forêt les flocons étaient rares puisque les arbres immenses bloquait plus ou moins l'accès au ciel hivernal. Mais dans le camp, l'hiver semblait plus présent que jamais. La jeune chatte scrutait le camp depuis l'entrée, comme si un seul pas de plus la mènerait à sa propre mort. Elle mourait de froid, ça oui. Elle resta stoïque plusieurs minutes jusqu'à ce qu'un chat derrière elle lui miaula des bredouilles incompréhensibles. Trèfle des Prés imagina que ça ne devait pas être très gentil puisque le félin en question abordait une expression lasse et énervée. Cependant, la guerrière tigrée se décala de quelques pas vers sa droite et le chat parut plus satisfait, mais gardant une certaine animosité. La chatte lui jeta un regard désabusé et reporta son attention sur le camp. La pouponnière était couverte d'une épaisse couche blanche et la frêle tanière semblait plus fragile que jamais. Il faudra faire des fortifications là dessus aussi... Oui, car tout le clan était en proie à l'hiver, et il fallait consolider les tanières. Un mouvement attira l'attention de la longue chatte. Deux chats entraient dans la tanière d’Étoile du Phénix. Son habitat brillait de gel et la tanière des guerriers qui se trouvait pas loin luisait tout autant. Les flocons étaient présent ici, ainsi que le froid de l'hiver. Les félins qui étaient dehors et qui parlait dégageaient un petit nuage qui symbolisait la chaleur de leur corps face à la saison blanche.

Un frisson glacial rappela à Trèfle des Prés qu'elle était trempée. Elle avança, les membres engourdis, jusqu'à la tanière des guerriers et tenta de se réchauffer comme elle pût. Après une toilette régénérante, la jeune chatte tigrée sortit afin de manger un morceau. En ce moment la pile de gibier était petite et la nourriture était maigre. *Demain j'irai chasser.* pensa la guerrière.
Devant le tas de gibier un groupe de chats réclamait leur part bruyamment. La tigrée soupira et avança lentement, quand elle se fit barrer la route par un éclair. Oui, enfin, un éclair, ou Feuille d'Or, la guérisseuse, qui cria aux chats agglutinés à la nourriture :


« Sauf si vous voulez voir votre médecin crever de faim, je vous conseillerais de me laisser passer, merci ! »

La chatte tigrée trouva ça malpoli et elle soupira un peu plus fort. Elle arriva derrière la chatte rousse et lui lança avec rage (il faut dire qu'elle avait encore le poil humide, le vent gargouillant et une mauvaise journée sur la conscience) :


« Non mais oh ! Tu vas attendre ton tour comme les autres cervelle de souris ! »

[Désolé j'ai pas d'inspi', j'ai du mal à jouer en colère Or xD Très très court donc.]

Aux côtés de la guérisseuse se trouvait une grande guerrière qui ressemblait étrangement à Belle d'Opium. Intriguée, la femelle reconnut aussitôt Trèfle des Prés, la soeur de son amie. Elle savait que ces deux dernières se détestaient cordialement malgré le lien du sang, et la rouquine n'avait jamais compris cette amniosité, même si elle s'était elle-même déjà gravement disputée avec Fleur de Cannelle.

A présent, elle comprenait. Trèfle des Prés était trempée et la mouillait en se collant à elle pour avoir sa part. Dégoûtée, la féline grimaça ; elle pouvait pas se sécher de temps en temps avec du foin ? Lorsqu'elle vit son air énervé, elle sut qu'elle allait avoir affaire à une de ces disputes mémorables dont lui parlait parfois Belle d'Opium. Et son ventre qui gargouillait ! Elle n'allait quand même pas se coucher le ventre vide, sans avoir grignoter une seule fois de la journée ! Et prendre des herbes fortifiantes seraient du blasphème !

« Non mais oh ! Tu vas attendre ton tour comme les autres cervelle de souris ! »

Montrant les crocs et crachant avec force, cette dernière répliqua :

- Alors ne viens pas te plaindre quand tu saigneras jusqu'à l'os, petite insolente !

Cette Feuille d’Or… Toujours à vouloir avoir des privilèges sous prétexte d’être la guérisseuse ! D’accord, elle soignait le clan, mais que ferait-elle si elle n’avait pas les guerriers pour lui apporter à manger !? Pour bien la saouler la rouquine se frotta à elle pour la mouiller à moitié. Sa mauvaise humeur s’était accrue.

« Alors ne viens pas te plaindre quand tu saigneras jusqu’à l’os, petite insolente ! »

Puis elle se mit à feuler et menacer la guerrière rousse. C’était la meilleure celle là ! Elle ne devait savoir que quelques rudiments au combat. Si elles se foutaient dessus, Trèfle des Prés aurait le dessus facilement. Mais elle n’allait pas s’en prendre à la guérisseuse. De une la vieille Etoile du Phénix serait pas très contente, de deux Feuille d’Or ne la soignera jamais plus si elle fait ça, et puis elle ne mangerai pas de la journée ! Alors la rouquine préféra répliquer :

« Tout ce que je veux c’est bouffer, comme toi, mamie. »

La guérisseuse n’avait guère plus de lunes que Trèfle des Prés, mais elle se comportait vraiment comme une petite vieille, pour la guerrière rousse. Devant la pile de gibier, les chats qui réclamaient leur part étaient moins nombreux, mais les deux chattes n’essayaient pas de se rapprocher du tas de viande. Elles étaient trop occupées à se crier dessus, ce qui attirait l’attention mais ne surprenait personne. Trèfle des Prés se disputer avec quelqu’un ? Habituel.

[Feuille d'Or est plus jeune que Trèfle je te signale x)
Encore court, j'ai vraiment pas d'inspiration]

La féline rousse était prête à se jeter sur la guérisseuse, et cette dernière attendait cela avec impatience. Elle n'avait peut-être que quelques rudiments de combat, mais elle connaissait si bien l'anatomie féline qu'elle aurait pu bondir les yeux fermés sur son adversaire pour lui trancher l'artère sans la moindre hésitation. Mais la femelle était sage et intelligente ; elle savait que se battre ne la mènerait à rien, sinon la disgrâce et des rumeurs peu sympathiques à son égard. La rouquine avait beau être plus jeune, elle était beaucoup plus populaire et aimée que Trèfle des Près.

Ignorant avec superbe la féline, Feuille d'Or rit de bon coeur lorsqu'elle entendit la réplique de la guerrière :

« Tout ce que je veux c’est bouffer, comme toi, mamie. »

Les autres guerriers hochèrent la tête, désemparés. Leur air réprobateur indiquait le fait qu'ils méprisaient cordialement la jeune guerrière, encourageant du regard la guérisseuse à se défendre. Si seulement leur rêve le plus fou, la guérisseuse matant la jeunette, était exaucé ! Mais Feuille d'Or riait de cette pauvre fille qui l'appelait mamie ; se frayant un chemin tandis que les autres chats s'écartaient, elle récupéra un lapin par la peau du cou, comptant le déguster avec sa novice dans son antre. Elle marmonna avec ironie :

- Si moi je suis grand-mère, tu dois déjà être à l'état de cadavre !

Et elle fit volte-face, marchant avec grâce vers son refuge abrité.