La journée s'était déroulée dans les temps avec un ciel couvert le matin mais un chaud soleil de fin d'été à midi. Attrape-Rêve s'était réveillée mal à l'aise, presque angoissée. Elle dormait dans la pouponnière depuis plus d'une lune mais ce matin là, elle avait l'impression d'avoir des pierres dans le ventre. Elle n'était pas passée voir Bouton d'Or mais elle s'était contenter de boire le plus de gouttes de rosée possible et avait mangé à sa faim. Le plus grand réflexe de la femelle était de manger et de boire quand ça n'allait pas bien. A midi, elle avait senti des crampes dans son ventre, comme d'habitude. Mais quelque chose avait changé. Son angoisse devenait de plus en plus conséquente et elle avait l'impression que quelque chose de terrible allait se produire. D'instinct, elle cherchait Ecaille de Crocodile, mais le matou était parti en patrouille à midi, elle ne le verrait pas. D'autres guerrières avaient commenté sa démarche étrange, comme alourdit subitement par le poids de son ventre. Elle était lourde et stressée. Non, non ! Quelque chose se passait mal !

Et vers la fin de l'après-midi, quand le soleil déclinait, elle hurla de tous ses poumons quand une contraction lui secoua tout son corps. Elle s'effondra dans la pouponnière, sur sa litière de mousse, en poussant des cris d'agonie. Mais que lui arrivait-elle ? La douleur passait telle une vague brûlante dans ses entrailles et faisaient frémir ses pattes jusqu'aux griffes. Elle sentait l'intérieur de son ventre se contracter brutalement. Attrape-Rêve se mit à haleter, langue sortie, les yeux plissés. Et le pire, c'est qu'elle ne voyait rien. Et soudain, comme un déclic, elle comprit ce qui lui arrivait. Elle mettait bas aujourd'hui ! Mais elle était tellement angoissée qu'elle n'arrivait pas à réfléchir convenablement. A la place, en hurlant de tout son être :


« Bouton d'Oooooooooor ! »

Voilà, Bouton d'Or se retrouvait encore à cueillir des plantes médicinales, en même temps, Attrape-Rêve l'avait bien cherché, elle ne portait pas ce nom là par hasard! Quelle saleté cette chatte, lunatique comme tout et hautaine, tant pis pour elle, elle se débrouillerait avec le mal qui la rongeait, certes elle était pleine mais ce n'était pas une raison pour être aussi désagréable. La guérisseuse ramassait quelques racines de glouteron, les rats ne tarderaient pas à revenir avec la saison des feuilles mortes et d'ici là, la neige l’empêcherait de faire ses réserves. Elle reprit du pavot pour la grincheuse et quelques plantes pour faire les ballots, quelque chose lui disait qu'elle devrait faire un voyage avec sa nouvelle apprenti, Nuage d'Onyx. Elle demanderait à Feuille d'Or de l'accompagnait avec son apprentie, elle pourrait alors papoté un peu, elle n'en avaient pas eut tellement le temps depuis l'assemblée. Soudain Nuage d'Onyx à l'aurore de son apprentissage déboula dans la clairière, elle lui baragouina un truc, elle compris que la grincheuse mettait bas, elle n'avait pas super envie de lui venir en aide vu leur différent mais c'était son rôle elle n'avait pas le choix. Elle prit ses plantes dans la gueule et en donna quelques une à son apprentie, elle se mit à courir en direction du camp.
Elle passa enfin le tunnel de ronce et ordonna à Nuage d'Onyx de préparer le pavot ramené et de poser les autres plantes dans l'antre. Elle se fraya un chemin parmi les félins et les écarta pour faire de l'air à la future mère. Elle fit un signe au père pour qu'il recule un peu et elle massa l'abdomen de la chatte, pendant que Onyx lui donnait les graines. De mauvaise volonté, Attrape-Rêve rechigna à avaler els plantes mais finalement elle obéit. Après une heure de travail, et la chatte grise exténuée, deux boules de poils virent le jour dans la pouponnière du clan de l'ombre, malgré sa rétissence pour leur mère elle devait avoué que les chatons étaient magnifiques,

"Bravo, ils sont magnifiques !"

Attrape-Rêve ne voulut pas l'avouer, mais elle était heureuse de voir la guérisseuse et son apprentie arriver. Elle se sentait en sécurité et se relâcha un peu... A défaut d'avoir une douleur contraction qui lui arracha un hurlement. Elle était persuadée que toute la forêt pouvait l'entendre, mais la chatte aveugle n'y pensa pas. elle sentait les muscles de son ventre de contracter, se plier, se tendre, se tordre... Elle découvrait des parties de son corps en quelque sorte. Puis Bouton d'Or lui présenta des graines devant son nez. Elle recula la tête et cracha en signe de protestation. mais un nouveau spasme douloureux parcourut son corps, elle se força donc à engloutir les remèdes amers. Enfin, une étrange convulsion lui secoua les pattes et un chaton dégringola à côté de sa queue hérissée. Oubliant momentanément ses souffrances, elle se pencha en avant pour renifler le petit chat noir qui était arrivé. Il avait une fourrure collée sur sa peau par le liquide amniotique, elle le sentait. Mais pas le temps de s'attarder sur son bébé, elle se remit au travail, soufflante et haletante.
Enfin, une dernière convulsion remua tout son corps et elle poussa un dernier cri à glacer le sang. Puis, le travail mécanique de ses muscles s'arrêta et elle posa sa tête en arrière. Elle n'en pouvait absolument plu. Mais la voix de la guérisseuse l'obligea à puiser dans ses dernières forces pour relever la tête. Elle se voyait rien, mais sentait que deux créatures miniatures se faufilaient sur son ventre pour atteindre les mamelles. Elle se pencha en avant et les renifla une à une. C'était son odeur et celle d'Écaille de Crocodile. Et par instant, elle lécha a progéniture. Ce n'était pas agréable, mais elle imprégnait les deux petits de son odeur maternelle. Elle tata du museau le premier né. Elle s'imaginait bien à quoi ils devaient ressembler, mais elle ne savait même pas ce qu'était une couleur. Alors, elle réfléchit activement. Elle voulait un nom bien pour ce petit, elle n'y avait jamais vraiment réfléchit. Puis, ça fit "tilt" dans sa tête et elle envoya un regard blanc mais ô combien remplit de douceur à son compagnon.


« Je veux appeler le mâle Petite Araignée, comme ça, les moucherons trembleront devant lui. »

Elle-même ne savait pas s'il s'agissait d'humour ou de vérité, elle se contentait de sentir le parfum chaud émanent des bébés. Elle avait oublié les guérisseuses, elles n'étaient que deux étrangères dans sa vie familiale, elle n'avait pas besoin de ces deux coincées qui n'auraient jamais de petits. Elle continua faiblement :


« Et la femelle ? Tu as une idée ? »