Notre seule joie est de voir la vie triompher sur les malheurs quotidiens.

La matinée était à présent bien avancée dans le camp du Vent. La plupart des guerriers avaient disparus, partant tous pour une partie de chasse ou une quelconque patrouille. Les gardes-frontières, quant à eux, s'étaient également volatisés, reprenant leurs postes habituels. Etoile du Phénix était elle aussi partie avec ses guerriers;, laissant son camp sous la surveillance du lieutenant Plume d'Orage, le beau chat tigré. C'était les premières sorties de la meneuse depuis son mal vert ; la guérisseuse craignait au départ un revirement du mal, mais il n'en était rien, heureusement.

La peur et la fatigue avaient quitté la rouquine. Plusieurs visites à sa soeur Fleur de Cannelle l'avait adoucie et remise dans le droit chemin ; la vue de ses jeunes neveux et nièces lui avait rendu la foi en la vivacité inexorable de la vie quotidienne. Certes, la mauvaise saison promettait d'être dure comme les autres, mais la femelle semblait avoir oublié cette réalité. Le blanc manteau de neige recouvrait toujours les environs, mais il avait cessé de neiger ; il faisait plus chaud, mais sans pour autant faire fondre la brillante couche métallique.

Nuage de Nacre était partie ramasser des plantes, malgré le peu de chances qu'elle avait d'en trouver. La guérisseuse aurait du l'accompagner, car elle était plus expérimentée, mais leur réserve était tellement garnie à force de traîner dans les landes à examiner chaque brin d'herbe visible que Feuille d'Or ne se faisait guère de soucis. Selon les vétérans, le gibier ressortait de sa cachette à cause de la bonne température ; tout allait pour le mieux...pour l'instant.

C'est donc dans cet état d'esprit optimiste que la femelle arrangeait sa litière, un peu dégarnie après ses nombreuses insomnies à cause du défunt Valse de Minuit. Sereine, elle se tourna vers un tas de mousse qu'un apprenti lui avait gentiment ramené ; garnissant sa couche de cet ancien abrevoir pour les Anciens, la rouquine se retourna brusquement vers l'entrée de la grotte, apecevant deux yeux briller dans les ténèbres :

« Feuille d'Or ? »

Reconnaissant Belle d'Opium, une jeune chatte du Clan, la femelle se désintéressa de sa maigre tâche et s'approcha à pas lents de la guerrière, intriguée que la jolie féline vienne la voir, elle qui était toujours en pleine santé :

- Bonjour, Belle d'Opium. Qu'y a-t-il ?

La guérisseuse laissa entrer de bonne grâce sa visiteuse, accueillante comme d'habitude. L'invitant à s'asseoir d'un geste de la queue, elle sourit en la voyant s'exécuter en face d'elle. Debout, la rouquine attendait que la guerrière lui réponde, se préparant déjà à prendre une herbe médicinale. Elle ne constatait aucun mal-être sur le corps de sa camarade ; elle en conclut donc qu'elle venait pour quelqu'un d'autre, qui lui, était malade. Sa suspicion fut rapidement confirmée lorsque Belle d'Opium lui répondit, légèrement agacée :

« J'aurais besoin de fleur de pas d'âne pour un petit à la pouponnière, il n'arrête pas de tousser. »

Se retournant déjà vers sa réserve de plantations, Feuille d'Or grimaça. La reine qui avait demandé cette faveur à la féline avait dû oublier que cette dernière détestait cordialement les chatons. C'était cela, le problème dans la société clanique ; on ne se soucie guère de connaître le caractère de chacun et on se préoccupe surtout de soi une fois qu'on a accompli son devoir (ex : chasser). Heureusement, la guérisseuse était heureuse d'être à part ; constamment en train de travailler, elle mettait chaque fois sa vie privée à côté et ne se souciait plus que de son prochain. Bon, il lui arrivait de s'énerver, c'est vrai, elle n'était pas parfaite. Mais il fallait tout de même avouer qu'elle avait de la patience.

Feuille d'Or se demandait avec anxiété qui était le chaton qui toussait. Encore du mal vert, ou un petit mal de gorge totalement bénin ? Et puis, était-ce un de ses neveux et nièces, les enfants de Fleur de Cannelle ? Elle ne voulait pas qu'un membre de sa famille soit malade. Dénichant deux pousses de fleur de pas-d'âne, la femelle se souvint avec mélancolie de son mentor, qui avait eu le même nom que la plante. Elle espérait qu'elle ne rejoindrait le Clan des Etoiles qu'une fois son labeur terminé ; encore fallait-il qu'il ait une fin ! Revenant vers sa camarade, la rouquine marmonna, faute d'avoir deux bouches pour mettre son fardeau :

- Tuveuquchtaccompgne ?

[ Hu, j'avais fait un truc énorme et il m'a tout effacé...le seum =="]

[ Je répond bientôt, je prie l'inspration de venir à moi ! (: ]