Une ombre furtive arpentait entre les écorces marquées par l'âge. Ici, au milieux de cette végétation, la vie semblait se livrer à un véritable combat pour la survie. L'arbre grandissait puis servait de support au lierre. L'aidant à son tour à trouver sa place au sein de se monde hostile. Et puis le temps passait et le lierre venait lentement étreindre son allié de toujours, tout d'abords à la manière dont on réconforte un ami et puis, par la suite, il l'empoisonne, l'étouffe et le tue. Quelle tragique fin, l'arbre, sage de la forêt, trahis par son plus fidèle valet. A croire que dans ce monde perfide nous ne pouvions faire confiance à personne.

A ce même moment, le chat fut coupé de ses songes, revenant progressivement à ce qui était la réalité. Eustache atteignit la rivière. Il s'en rapprocha encore. Le courant poursuivait sa route comme si de rien n'était, aucune chose n'aurait pu l'arrêter à cet instant-là pensa le félin. Un mot aurait suffit à la décrire, car l'eau était tout simplement libre; et cela, elle le resterait éternellement. L'animal se pencha au-dessus de la rivière et se mit à observer. Quelques éclairs rouges lui rappelèrent un balais alors que de son côté, avec vitesse et précision, il venait de plonger sa patte de l'eau devenue trouble et en avait sortit un de ses danseurs étoiles. Le poisson continuait de se débattre et, d'un coups de crocs, il l'acheva avant de s'en rassasier. Le lieu était si paisible, si calme, et rien ne pouvait venir déranger cette harmonie tandis que le temps stoppait sa couse folle et paraissait s'arrêter, aussi simplement que ça.

Alors qu'Eustache au bord de l'eau tenait dans sa gueule le poisson qu'il venait à peine de tué, une voix le fit sursauter. De stupeur il lâcha sa prise qui retomba mollement sur l'herbe. Cette voix n'était d'ailleurs par très amicale. Le simple fait de mettre «étranger» à la fin de cette phrase lui montrait bien qu'il n'était pas le bienvenu ici. Il n'appréciait pas que l'on s'adresse à lui ainsi. Il ne le connaissait même pas mais l'agressait déjà. Il prit un ton ironique pour s'adresser au chat:

«Je pêche.»

Quelle découverte! Il pêchait! Comme si son interlocuteur ne le savait pas. Mais ne dit-on pas 'A question stupide réponse stupide'? Cependant il avait bien conscient que s'adresser à un guerrier de la sorte était... dangereux. C'est pourquoi il reprit sûr un ton qui se voulait déjà plus pacifique:

«A part ça je m'appelle Eustache. J'avais faim et je m'excuse d'avoir attraper ce poisson néanmoins je n'avais aucune intention de nuire à quelqu'un et étant donné les proies abondantes en ce moment, je me suis dis que ce modeste met de manquerait à personne.»

Sur ceux, le solitaire se tut, attendant un signe de l'inconnu, le poisson gisant mort à ses pattes.