- Chant du Loup se réveilla en sursaut. Il venait de passer une nuit plutôt mouvementée et il en avait encore des frissons. Dans son rêve - enfin c'était plus un cauchemar qu'un rêve - il voyait un chat roux, dont il ne connaissait pas le nom, au bord d'une falaise, attaquer un autre félin qui lui était inconnu. Les cris stridents et les feulements de rage cassaient le silence de la forêt. Durant ce combat à mort, Chant du Loup aurait aimé pouvoir stopper ce duel, seulement, ses pattes refusaient de bouger. Il restait donc là, impuissant, incapable d'intervenir. Soudain, le rouquin se fit bousculer par son adversaire et tomba dans le ravin en poussant son dernier cri. On entendit un bruit fracassant. Puis plus rien. Le vainqueur regarda autour de lui, comme s'il croyait être espionné et s'enfui aussitôt. Le décor s'assombrit de plus en plus jusqu'à devenir noir de jais, et le sol céda sous le poids du spectateur qui tombait dans le vide et hurlait de désaroi. Le voici réveillé, encore sous le choc depuis cinq minutes, il regarda sa meilleure amie, allongée et endormie, à côté de lui. Il respira sa chaleur réconfortante. Aile de Coccinelle et lui ont toujours été proches. Même si au début, il ne pouvait pas la supporter. C'était la plus populaire et la plus sociable des novices, elle avait aussi tant d'autres de qualités. Malgré qu'il l'envoyait bouler souvent, après la mort de la mère du chat gris, il aimait sa présence. A présent, il aimait Aile de Coccinelle tout court. Il en est sûr, la jolie guerrière aux yeux jaunes brillant comme le soleil sera la future mère de ses petits et la compagne de sa vie. Ils étaient fait l'un pour l'autre depuis le début.

Chant du Loup lécha l'oreille de sa bien-aimée puis se dirigea vers la sortie de la tanière des guerriers. Le matou gris réfléchit aux patrouilles, il n'était pas question pour lui se laisser bercer par l'amour et de se reposer sur ses lauriers ! Ces derniers temps, les membres du clan étaient tous fatigués, faut dire le lieutenant organisait et planifiait les travaux de sa tribu d'une patte de fer même s'il n'était encore qu'un débutant. Il décida de constituer les patrouilles de deux ou trois membres afin de tout terminer avant le coucher du soleil. Le voyant se placer au centre du camp, les félins disponibles se rassemblèrent autour de lui et le grand chat aux larges épaules mis en place tous les devoirs de chacun pour la journée. Au programme : renforcement des parois de la pouponnière et de l'antre du guérisseur, changer la litière des anciens et s'occuper de leurs parasites, aider le soigneur pour le ramassage des plantes car les premeirs coups de froids arrivaient déjà et bientôt, le mal blanc sera de retour. Il faut se préparer.

« L'hiver dernier a été très dur, il fit une pause à cause des murmures des félins qui se rappelaient la terrible saison des neiges mentionnée, notamment l'étrange mort d'Oeil de Sang, certains parlaient même encore d'Etoile du Lac et de sa compagne aux amours tulmutueux, comme les chuchotements ne cessèrent pas, le second du meneur leva la queue en signe de silence puis reprit, mais c'était parce que nous n'étions pas bien préparés. A la saison des feuilles vertes, il ne restait presque plus aucun guerriers, le clan était décimé. Afin que cela ne ce reproduise plus, je compte sur vous. Je vous informe par ailleurs que l'hiver n'est plus bien loin et qu'il faut se donner à cent pour cent si nous voulu limiter les dégats un maximum. Au travail.

Les félins du Clan de l'Onyx se dispersèrent rapidemment, visiblement touchés par les paroles de leur lieutenant. Ce dernier aussi devait être conforme à ses propres mots, c'est pour cela qu'il fit un signe de tête à une guerrière en particulier qui n'avait aucun camarade de patrouille. Il lui adressa un sourrire et déclara ;

« Fleur de Sala, je veux que tu viennes avec moi pour une patrouille de chasse. Je ne crois pas que tu ne sois pas disposée à chasser pour le moment. Es-tu d'accord ? »

Chant du Loup fixa la dénommée Fleur de Sala, attendant une réponse de sa part. Il était peut-être autoritaire et ferme avec ses camarades mais leur demandait toujours leur approbation ou leur avis et ne prenait jamais la grosse tête. Le chat gris aimait son rôle et le prenait très au sérieux, il s'arrangeait toujours pour être le plus juste possible dans son jugement. Quoiqu'il en soit, il ne pouvait s'empêcher d'avoir une once de méfiance envers sa camarade sans poils. Elle n'était pas du Clan du l'Ombre et faisait partie d'une race de chats, elle était donc domestique ou alors c'était ses parents ou grands-parents peut-être. Il se demandait pourtant comme allait tenir à la saison des neiges et comment elle faisait pour avoir tenu jusque là. Sans poils, les félins sont plus vulnérables au froid et aux batailles, c'est un fait. Vu qu'elle est la seule dans la forêt à ne pas posséder de fourrure, peut-être faisait-elle en sorte de surprendre son adversaire. En tout cas, elle est taillée pour être très rapide, et donner plusieurs coups sans se faire toucher. Il ne la connaissait pas intimmement mais Chant du Loup savait qu'il était très important de bien connaître ses camarades. Question de sociabilité et de stratégie.