Depuis l’aube, Nuage du Cygne s’était occupée des fortifications du camp pour l’hiver. La veille, son mentor Sucre d’Orge lui avait appris à combattre un ennemi qui arrivait derrière elle. Il lui avait montré comment se mettre sur le dos et donner des grands coups de pattes arrière pour lacérer le ventre de son adversaire. La petite chatte avait très bien compris comme il fallait faire mais lorsqu’elle avait essayé avec le matou gris anthracite, le poids du mâle l’avait forcé à plier les pattes et s’effondrer avec un gémissement de dépit. Elle était trop frêle pour se battre, c’était sur ! Mais son mentor l’avait rassurée en lui disant qu’avec plusieurs lunes d’entrainement ses muscles se feront plus forts et elle saurait supporter la masse d’un chat balèze. Le mentor de Nuage du Cygne la faisait beaucoup rire. Il était gentil et était un peu du genre bad-boy, c’était un peu comme le grand frère qu’elle n’avait jamais eu… en un peu plus autoritaire. La fin de la journée, elle l’avait passé avec Cœur de Dragon, un guerrier très distingué et gentil, mais qui était très triste depuis que sa compagne était morte du mal vert. Il lui restait ses quatre enfants, mais eux aussi étaient malheureux depuis que leur mère était décédée. Cependant, la novice bicolore s’efforçait d’être agréable avec le guerrier noir et blanc car elle l’aimait bien, les deux félins n’avaient que quatre ou cinq lunes d’écart après tout. Puis en soirée, la petite était allée rendre visite à Feuille d’Or car elle s’était planté une écharde dans le coussinet droit.

Ce matin, elle avait promis à Nuage du Léviathan de l’aider à s’occuper des reines, et au final l’apprentie était restée jusqu’à la mie journée dans le camp à aider les venteux. Lorsque vint le début d’après-midi, elle mangea un campagnol plutôt rondelet pour calmer sa faim et décida d’aller chasser. Après tout, il fallait nourrir le clan avant soi-même. Elle proposa à Cœur de Dragon de l’accompagner mais il déclina l’offre, car il était engagé pour la patrouille de l’après-midi. Sucre d’Orge avait dit à la chatonne qu’elle ferait une patrouille très prochainement, ce qui l’avait réjouie. Ne trouvant pas de compagnon de chasse disponible, Nuage du Cygne partit donc seule dans les territoires du clan du Vent. A l’entrée du camp, elle se demanda où irait-elle attraper du gibier, et finalement opta pour les immenses landes, qui regorgeaient sans arrêt de lapins et de petits rongeurs. Rapidement elle eut attrapé une souris albinos et un vieux lapin boiteux. Elle les enterra tous les deux et mémorisa l’endroit pour récupérer ses prises plus tard.
Le soleil était encore haut dans le ciel, elle pouvait encore chercher plusieurs proies.

Nuage du Cygne s’était approchée d’un petit buisson en rampant. Elle avait senti l’odeur d’un mulot, du moins ce que son flair avait identifié. La novice bicolore observa de ses yeux éclatants le rongeur à travers le buisson. Elle frémissait et se concentrait. Mais sa proie l’avait entendue, et lorsqu’elle bondit la bestiole s’enfuit et, la féline à ses trousses, trouva refuge dans un creux à l’intérieur d’un arbre. Dépitée, la chatonne soupira. Puis elle ferma les yeux pour se concentrer sur son odorat. En plus de l’odeur de bois et de racines humides, celle du rongeur affolé et celle de l’herbe haute, sa propre odeur se mêlait à une autre, plus musquée et assez désagréable. Nuage du Cygne identifia immédiatement le clan de l’Ombre. Son mentor lui avait assez enseigné l’odeur de chaque clan, comment le clan de la rivière sens l’humidité et le poisson, le clan du tonnerre la forêt et la terre et le clan de l’ombre les marécages et les batraciens. Loyale et protectrice, la petite finit par apercevoir un chaton surement plus petit qu’elle d’un gris argenté brillant. De carrure, il était facile de voir que l’individu était une femelle et à son odeur de clan dominante, on pouvait distinguer celle de la peur. Sans hésiter une seconde, l’apprentie, du haut de ses neuf lunes, bondit et cracha :

« Eh toi ! Que fais tu sur le territoire du clan du Vent ! »