Etoile du Phénix se réveilla dans sa tanière, les yeux collés par des larmes. Elle regarda devant elle, surpris de se réveiller ainsi. Elle sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine et ses poumons oppressés comme si elle aspirait de la cendre. A peine eut-être relevé la tête qu'elle fut prise d'une quinte de toux et que son nez se mit à couler. Les jours précédents, elle les avait passé à courir dans la lande, chasser pour son Clan. La saison des neiges se rapprochait à grands pas, la meneuse donnerait chacune de ses vies afin de nourrir les membres de son Clan. Mais elle avait dû attraper un petit rhume. La noiraude se leva péniblement et alla vers la sorti, la queue raide.
Dehors, il faisait frais et des guerriers accouraient de toutes parts. la guerrière avait hâte d'aller chasser à son tour, mais un passage à la tanière de Feuille d'Or s'imposait. Elle descendit le promontoire en reniflant. Elle sentait son nez couler, beurk ! Mais le plus terrible, c'était sa gorge brûlante. Elle traversa le camp en quelques bond,s impatiente de partir. Et elle traversa le rideau de lichen qui masquait l'entrée de la tanière.
A l'intérieur, il faisait doux et une forte odeur de plante émanait des parois lisses. Les yeux bleus de la reine mirent un instant avant de s'habituer à l'obscurité. Enfin, elle aperçut la fourrure rousse pâle de la guérisseuse qui se dessinait dans les ténèbres de l'endroit. Un rayon de soleil perçait à travers l'épais feuillage et laissait entrevoir la litière occupée par Valse de Minuit. Le pauvre félin semblait épuisé par la maladie. La meneuse lança un regard emplit de pitié pour l'ancien mentor de Cœur de Dragon et s'avança vers la rouquine.


« Bonjour Feuille d'Or. » miaula la chef sur une voix très rauque. « J'ai mal à la gorge ce matin, pourrais-tu me donner du miel ou quelque chose pour soulager la douleur ? »

Prostrée devant la pile de remèdes, la femelle bougeait à peine. Réveillée depuis l'aube, elle triait à la place de Nuage de Nacre les remèdes. En effet, elle l'avait envoyé chercher de l'herbe à chat, seul et unique remède efficace contre le mal vert. En attendant, elle donnait du mouron d'oiseau et des graines de pavot, ces petites graines qui apaisaient la douleur sans guérir le mal. La maladie de Valse de Minuit était fort avancée, et Feuille d'Or doutait que l'herbe à chat puisse le sauver. De plus, ou en trouver ? Aller chez les Bipèdes était devenu risqué, avec la menace des chats de la boue...et il ne fallait pas que les deux seules personnes du Clan capables de soigner leurs compatriotes meurent à la tâche. La féline ne voulait pas mettre sa novice en danger, et elle le lui avait dit : si jamais elle n'en trouvait pas, on aurait toujours une solution de secours. Quelle solution de secours, elle ne l'avait pas dit. En réalité, il n'y avait pas de plan B. C'était l'herbe à chat...ou rien. En fait, le plan B, c'était achever Valse de Minuit avec des baies empoisonnées, pour qu'il ne souffre plus. Si elle ne pouvait pas le sauver, autant stopper sa longue agonie...

Envoyant aux oubliettes ces pensées sombres, la chatte ordonna en un tas les baies, feuilles et autres abîmés. S'apprêtant à les transporter à la sortie du camp pour les enterrer, la guérisseuse s'arrêta net, entendant quelqu'un s'approcher à pas rapides de son antre. Levant la tête, elle vit que son visiteur surprise était Etoile du Phénix, son propre chef. Masquant cet instant d'étonnement par un air impaissible, son sang ne fit qu'un tour quand la femelle prit la parole :

« Bonjour Feuille d'Or. » miaula la chef sur une voix très rauque. « J'ai mal à la gorge ce matin, pourrais-tu me donner du miel ou quelque chose pour soulager la douleur ? »

La regardant d'un peu plus près, la chatte rousse remarqua à son plus grand effroi que la meneuse était au plus mal. Le nez coulant de morve -chose très peu élégante d'ailleurs-, des crottes d'yeux au coin de l'oeil, la voix rauque... Passant sa queue sur son front, la féline vérifia si la venteuse avait de la fièvre. Un petit peu, suffisement pour la rendre malade. Tournant la tête vers les remèdes, elle agita la queue, invitant son chef à s'asseoir. Commençant à chercher ses plants, elle répondit posément :

" Bonjour Etoile du Phénix. Je ne sais pas si j'ai du miel, mais je dois bien avoir quelque chose pour calmer cela. Je me trompe ou tu as de la fièvre ? Tu te sens fatiguée ? Somnolente ? Ou tu penses que c'est juste un rhume ? "

Feuille d'Or était une fervente croyante des méthodes de dialogue avec le patient. Même si elle se doutait de ce qu'avait sa malade, elle faisait mine de ne pas être sûre pour ne pas assommer le patient avec une phrase du genre "Tu es gravement malade, tu dois rester ici pour la journée pour voir comment ça évolue". Elle laissait la personne s'apercevoir par elle-même ce qui lui arrivait. Mâchant des feuilles de pas-d'âne et de bourrache, elle attendit patiemment la réponse d'Etoile du Phénix, le bruit de l'agitation qui secouait le camp leur parvenant de manière diffuse.

Étoile du Phénix frémit en sentant une vague de froid l'envelopper et regarda le travail de la guérisseuse. Un simple rhume la rassurait plus, plutôt qu'autre chose de plus grave. Elle le lécha une patte pour se la passée sur le museau et se débarbouiller un peu le visage. Elle avait attrapé une saloperie quotidienne, rien de très alarmant. mais Feuille d'Or était une spécialiste en la matière, l'ignorer serait idiot. Néanmoins, la noiraude n'avait pas envie de croire au pire et tout ce qu'elle voulait, c'était sortir vite d'ici pour aller chasser ou en patrouille. La santé de son Clan et les ventres remplis de ses membres l'obsédaient bien plus que sa propre personne. Surtout en cette période ou chaque pièce de viande rapportée devenait un atout décisif pour le futur de chacun. Elle finit par secouer la tête.


« Mais non, ce n'est qu'un rhume. » répondit la reine en se dandinant d'une patte à l'autre, impatiente de filer. « J'ai juste mal à la gorge et le nez qui coule. Donne-moi un simple remède et je me sentirait mieux. »

La meneuse n'aimait pas répondre à ce genre de question, elle n'était plus un chaton sous la tutelle de sa mère ! Elle était maître de ses décisions et si elle avait décidé de sortir chasser, elle irait. que ce soit prudent ou pas, elle n'avait pas à rester ici à ne rien faire pendant que le froid envahissait chaque jour les landes de plus en plus. La chef était sortit tous les jours depuis le début des grands froids, souvent pour chasser avec des apprentis ou pour aller surveiller les frontières avec le territoire des Bipèdes. Elle avait sûrement attraper froid en vagabondant sur le territoire. Pourtant, cette maladie oppressait chaque organe dans son corps, elle sentait ses poumons et ses bronches remplis de mucus, ses muscles mous et douloureux, sa bouche sèche, sa tête sus pression. Mais si elle montrait un signe de faiblesse à Feuille d'Or, elle était bonne pour avaler des feuilles et des baies toutes la journée, couchée sur une litière au lieu de servir son Clan. Elle trépignait toujours, les yeux piquants et humides.


« Allez s'il te plaît, il sera bientôt midi. Le lapin sort à cette heure, je dois aller chasser. »

La chatte noire frémit, comme glacée. Elle se toiletta d'un coup de patte rapide le visage. C'était évident, elle n'avait qu'une envie : sortir. Or il n'en était pas question. La guérisseuse ne voulait pas que la maladie empire ou que la féline la transmette à quelqu'un d'autre dans le camp. Peut-être qu'elle se trompait -qui ne se trompe pas ?- mais elle voulait prendre le plus de précautions possibles. Fixant sans cillier les yeux de son interlocutrice, elle attendit. Elle avait toute la journée pour prouver à la chatte qu'elle avait tort et qu'elle devait se reposer. Le problème, c'est qu'elles avaient toutes les deux la conviction qu'elles avaient raison et ne voulaient pas lâcher le morceau de sitôt. A ce petit jeu-là, Feuille d'Or estimai que ce serait l'adversaire qui gagnerait. D'ou le fait qu'il ne fallait pas que le duel dure trop longtemps, sinon c'était foutu. Finalement, la femelle secoua la tête :

« Mais non, ce n'est qu'un rhume. » répondit la reine en se dandinant d'une patte à l'autre, impatiente de filer. « J'ai juste mal à la gorge et le nez qui coule. Donne-moi un simple remède et je me sentirait mieux. »

Haussant un sourcil, la guérisseuse fit la moue. Elle ne croyait pas un mot à ce que lui disait la meneuse, mais qu'est-ce qu'elle pouvait faire pour l'obliger à reconnaître la vérité ? L'autre trépignait toujours, sûre de pouvoir sortir. Continuant de mâcher pour se donner une contenance, elle réfléchit à toute vitesse. Comme quoi, être guérisseuse ce n'est pas que du par coeur, il faut aussi remuer la matière grise... Se promettant d'en toucher un mot à Nuage de Nacre, elle ne voyait pas d'autre solution que de l'endormir. Oui, mais c'était un coup bas, et c'était contraire à ses principes. Son temps de réflexion se prolongeant, la noiraude lança, prête à galoper dans les landes :

« Allez s'il te plaît, il sera bientôt midi. Le lapin sort à cette heure, je dois aller chasser. »

Ah, petit chaton, tu crois pouvoir t'échapper ? Tel fut l'état d'esprit de la rouquine au moment ou elle entendit cela. Quel monde de fou : elle, la jeune guérisseuse, était obligée de surveillier comme une reine ses chatons sa propre chef, beaucoup plus vieille et grand-mère ! Elle esquissa un petit sourire triste. Ses yeux commençaient à devenir rouges, en plus. Levant la patte, elle l'obligea à ouvrir la bouche et cracha le remède dans sa gueule.

" Couche-toi là", murmura-t-elle doucement en désignant une litière de libre.

Voyant qu'elle allait protester, elle fit d'un ton qui ne souffrait aucune réplique :

" Tu n'as pas vraiment le choix, en fait. "

Étoile du Phénix mangea le mélange en toussant et en crachant. Pourquoi fallait-il que les remèdes des guérisseurs soient toujours aussi dégueulasses ? Les herbes pour le voyage à la Grotte de la Vie, les herbes pour stimuler les muscles avant la bataille et maintenant, les herbes pour soigner un maudit rhume ! Mais au moins, très souvent, ça valait le coup. Même si elle n'était pas envieuse de retourner de sitôt à la Pierre de Lune - en fait, rien que pour les plantes médicinales au goût amer, elle n'avait pas envie d'y retourner. La meneuse oublia le fil de sa pensée quand Feuille d'Or lui ordonna d'aller se coucher. Prête à rétorquer, elle ouvrit la bouche mais la rouquine la devança. Il s'agissait d'un ordre pur et simple à la noiraude ! Néanmoins, entre le grade de guérisseur et le grade de chef, il y avait un large gouffre. Elle ne lui obéirait pas, ce n'était pas le moment de jouer à la mémé malade dans une tanière ou dormait déjà un guerrier agonisant.


« Non. » feula la reine en prenant un ton autoritaire.

Jamais la meneuse n'avait dû parler ainsi autrefois. Ses rares colères s'étaient déchaînées sur Renard Polaire, son défunt frère, et sur Étoile du Rapace, mais là y'avait de quoi. Elle ne se soumettrait pas à ce petit jeu ridicule. Elle se sentait en assez grande forme pour sortir. Et si Feuille d'Or tentait de l'en empêche, elle s'exposait gravement contre le Code du Guerrier. La parole du chef fait loi. Elle se redressa, même si sa tête lui brûlait et que ses yeux la picotaient, elle était en état de sortir. feuille d'Or n'avait pas l'air de comprendre l'ampleur de son geste. Elle allait encore chercher à la forcer à rester. peu importe si elle ressemblait à un chaton capricieux aux yeux de la guérisseuse, son choix était fait et elle ne resterait pas ici.


« Écoute Feuille d'Or. » commença-t-elle sur une voix qui se devait être la plus calme possible. « La saison des feuilles mortes bat son plein. Pire que ça, elle est bien plus froide et sèche que d'habitude. D'ici une semaine, ou au plus tard une lune, il n'y aura plus rien à manger dans les landes. La dernière saison des Neiges m'a enlevé deux petits, tu le sais. Sans oublier le nombre de guerriers qui ont dû se serrer la ceinture et des anciens décédés. Poussière d'Émeraude et ses filles y sont même passés en mourant sous mes yeux ! Ce n'était pas à cause de la faim, mais leur absence a couté chère, très chère au Clan du Vent. je me fiche de tomber malade à en perdre une vie, je vais retourner dans les landes que tu le veuilles ou non. »

La noirande mangea le remède en grimaçant. Les guérisseurs étaient les seuls à être habitués au goût assez spécial des plantes médicinales, et la plupart des chats rechignaient à manger ce que l'on leur donnait, sous prétexte que c'était immangeable. Sans surprise, la rouquine s'heurta à une volonté de fer. Levant les yeux au ciel, elle fut tentée de l'obliger par la force, mais ça aussi c'était contraire à ses principes. Quelle idiote ! Ne se rendait-elle pas compte qu'elle se comportait comme un chaton de deux lunes ? C'était désespérant. S'obligeant à rester calme, la guérisseuse ne broncha pas quand la femelle lui lança un regard assassin. Elle savait qu'elle avait raison et que sa chef était en tort. Elle était peut-être en-dessous d'elle dans la hiéarchie, mais cela faisait partie de ses fonctions : rappeler à son chef que son corps a des limites.

« Non. » feula la reine en prenant un ton autoritaire.

Non ? Comment ça, non ? Feuille d'Or la regarda, éberluée. Même pas un argument, juste un non catégorique ! Les yeux lui en sortaient presque de la tête. Jamais Etoile du Phénix s'était comportée ainsi avec la guérisseuse, jamais elle n'avait été aussi hautaine. Souffle coupé, elle jeta un regard inquiet vers Valse de Minuit. Et en plus il fallait qu'elle lui fasse une scène devant un guerrier qui avait grandement besoin de réconfort. Se retournant, elle fit sa tête de mère pas du tout convaincue. Mais dans un coin de sa tête, elle n'était plus impaissible et la colère était venue à sa rescousse. Et qui allait devoir se farcir dix guerriers enrhumés si elle sortait, hm ? Feuille d'Or ! Qui allait devoir passer sa journée sur tous les fronts, vérifiant que personne n'était encore malade tout en essayant par tout les moyens de récupérer de l'herbe à chat ? Feuille d'Or, encore et toujours ! Ah çà, et elle croyait rendre service à son Clan en partant chasser dans cet état ! Dans le genre tête de mule, il faut le faire !

« Écoute Feuille d'Or. » commença-t-elle sur une voix qui se devait être la plus calme possible. « La saison des feuilles mortes bat son plein. Pire que ça, elle est bien plus froide et sèche que d'habitude. D'ici une semaine, ou au plus tard une lune, il n'y aura plus rien à manger dans les landes. La dernière saison des Neiges m'a enlevé deux petits, tu le sais. Sans oublier le nombre de guerriers qui ont dû se serrer la ceinture et des anciens décédés. Poussière d'Émeraude et ses filles y sont même passés en mourant sous mes yeux ! Ce n'était pas à cause de la faim, mais leur absence a couté chère, très chère au Clan du Vent. je me fiche de tomber malade à en perdre une vie, je vais retourner dans les landes que tu le veuilles ou non. »

Oui, la saison des feuilles mortes était plus froide que d'habitude, la preuve : un guerrier mourant et une chef malade, si ça ne prouve pas que la saison est mauvaise ! Elle croyait lui apprendre des choses ? Hé bien elle était complétement à côté de la plaque. Oui, la rouquine commençait à perdre son sang-froid. Plus rien à manger dans les landes ? A priori, il y avait toujours les terres libres, non ? Elle connaissait les temps à venir, merci bien ! Elle n'était peut-être pas guerrière, mais elle se nourrissait grâce à ces derniers, et elle connaissait leur difficulté à trouver du gibier. Mais ce n'était pas une raison pour se rendre malade. Quant à Poussière d'Emeuraude & ses filles, il n'y avait pas que le mal vert qui les avait fait succomber mais aussi un état psychologique défaillant que Etoile du Rapace n'avait pas su consolider ! Ah oui, elle parlait de perdre une vie ? Elle se croyait donc immortelle ? Elle en avait peut-être plusieurs, mais ce n'était pas à l'infini ! Mourir volontairement sous prétexte de servir son Clan, c'était plus que sucidaire c'était surtout irresponsable envers les gens qui avaient servi leur Clan et que le Clan des Etoiles avait rappelé trop tôt. Furieuse, la féline répliqua du tac au tac :

" Puisque tu veux ta mort, vas-y, vas donc chasser ton lapin 'pour le plus grand bien' ! Mais sache que tu ne pourras pas dépenser éternellement tes vies comme on dépense de la bile de souris ! "

Mettant la meneuse à la porte sans plus d'explications, elle retourna à la hâte à son agonisant, préparant déjà une tisane de camomille pour l'apaiser.

[ J'aime ce RP xD ]

Étoile du Phénix fronça le museau, complètement dégoutée de la réaction de la guérisseuse. A l'entendre parler, la meneuse allait donner une dernière vie. Si sa conscience ne la retenait pas, elle aurait sûrement hurler quatre vérités à la rouquine. Fleur de Pas-d'Âne n'aurait sûrement pas réagi de la sorte. Encore moins Poussière d'Argile, sans parler de Symphonie Céleste ! Elle n'avait pas l'intention de mourir de toute façon, elle devait chasser pour on Clan, comme elle l'avait promis. Mais si son rhume s'aggravait, cela ne tiendrait qu'à elle. Mais elle ne voulait pas perdre la face devant la femelle bornée. Ce serait comme perdre une victoire, une bataille qu'elle ne pouvait convaincre qu'avec son esprit têtu et arrogant. Elle ne voulait pas se faire humilier si facilement. Elle soupira un grand coup pour reprendre le cours de sa pensée. Puis elle miaula d'une voix plus posée et moins alarmante :


« Je t'assure que tout ira bien. Il ne s'agit que d'un rhume. Et puis je vais juste attraper une proie ou deux avant de rentrer. Et j'irais me reposer de retour au camp, je te le promets. »

Elle espérait avoir apaisé la guérisseuse avec ses paroles. Et puis, elle tenait encore sur ses pattes, c'était bon signe. Elle n'allait pas se balader près des chutes de toute façon. Et puis, avec l'accident mystère d'Oeil des Cyclones accompagné de son apprenti, Nuage du Léviathan, elle n'allait pas non plus se jeter du haut d'une falaise comme un chaton persuadé qu'il a la capacité de voler. Si elle sentait la fatigue ou un malaise quelconque, elle ferait demi-tour. Elle n'était pas suicidaire non plus, mais si elle restait ici à ne rien faire, elle se sentirait coupable. Remarquant l'air toujours dubitatif de Feuille d'Or, elle posa sa queue sur son épaule et miaula avec un soupçon d'humour dans sa voix meurtrie :


« Et puis, tu seras bien contente d'avoir un repas bien chaud. Je ne veux pas avoir à entendre les miaulements de faim des petits de ta sœur, ou de la fille unique de Zeste de Citron. La plupart de mes guerriers sont en patrouille pour enquêter sur ce mystérieux Clan. Je reviendrait avant le coucher du soleil, plus tôt si nécessaire. »

La meneuse, surprise par ce mouvement d'humeur, fronça le museau, signe d'agacement ultime chez l'espèce féline. Le dos tourné et n'ayant pas aperçu cette réaction faciale, la guérisseuse continua de s'occuper avec zèle du bien-être du mourant, cherchant avec inquiétude de la mousse rengorgée d'eau, pensant déjà être obligée d'aller quémander de l'aide chez les apprentis... Derrière elle, Etoile du Phénix soupira un grand coup. Froncement de sourcils de la part de la guérisseuse. Que voulait donc encore le chef ? La rassurer ? Inutile, de toute manière elle la dérangeait. Trouvant enfin sa maudite boule de mousse, elle prit une feuille morte inutile en bon état qui traînait dans les environs. Appuyant avec force sur la boule verte, elle en extraya le jus sous l'oeil endormi de son patient, entre la vie et la mort. Ceci fait, elle se dirigea vers ses plantes aromatiques, ayant totalement oublié la noiraude. Elle fut rappelée à l'ordre quelques secondes plus tard. Levant la tête, elle écouta distraiment :

« Je t'assure que tout ira bien. Il ne s'agit que d'un rhume. Et puis je vais juste attraper une proie ou deux avant de rentrer. Et j'irais me reposer de retour au camp, je te le promets. » murmura la reine, comme un guerrier qui rassure les Anciens.

Ses yeux verts passaient au rayon X la chatte noire, essayant de savoir si la femelle était sincère. Clignant des yeux, elle vit sous un nouvel angle -sans émotions- son interlocutrice : un regard fixe, un air confiant, un nez toujours coulant de morve et des oreilles en avant. Bah, si elle s'estimait capable de faire quelques mètres, qu'elle le fasse. N'émettant aucune objection, elle s'assit, entournant sa queue autour de ses pattes, esquissant un léger sourire. Le goût du risque, la cheftaine avait toujours aimé ça. Et l'on ne pouvait rien y faire. Tirant une langue râpeuse, elle lécha l'épaule de sa supérieure. En langage félin, cela signifiait "Va, puisque je ne peux pas t'arrêter, mais quand tu reprendras ta raison, reviens vite...avant qu'il ne soit trop tard."

Sentant sûremment que la guérisseuse n'était toujours pas convaincue, la noiraude posa sa queue sur son épaule et miaula avec une note d'humour dans la voix :

« Et puis, tu seras bien contente d'avoir un repas bien chaud. Je ne veux pas avoir à entendre les miaulements de faim des petits de ta sœur, ou de la fille unique de Zeste de Citron. La plupart de mes guerriers sont en patrouille pour enquêter sur ce mystérieux Clan. Je reviendrait avant le coucher du soleil, plus tôt si nécessaire. »

Cette fois-ci, un sourire franc éclaira le visage de la rouquine. L'amadouer en parlant de nourriture alors qu'elle avait faim, c'était vraiment un coup bas... Elle émit un ronronnement qui signifiait "Bon, d'accord...". Ensuite, elle retourna à ses occupations, donnant congé à la meneuse. Fleur de Camomille, viens, viens... Le nez dans ses remèdes, elle trouva enfin la plante recherché. Mâchant calmement, elle caressa de la patte le dos du guerrier épuisé par la maladie. Pauvre Valse de Minuit... Espérant que son apprentie reviendrait vite avec de l'herbe à chat, elle recracha sur sa feuille morte le liquide verdâtre. Formant une sorte de récipient avec les moyens du bord, elle remua machinalement les deux ingrédients en poussant un soupir. Si seulement Nuage de Nacre était de retour ! Et puis Etoile du Phénix, ou était-elle ? Etait-ce un rhume ou le mal vert ? Que de soucis, que de malheurs !

Terminant sa tisane, elle déposa le remède devant le nez du malade, lui laissant le choix de boire ou non. A son plus grand soulagement, il avala la tisane de camomille avec plaisir. Il murmura un petit remerciment avant de retomber dans un sommeil entre la vie et la mort. Se postant devant l'entrée de sa caverne, la guérisseuse se rongeait les sangs...

[Tu reviens agonisante ? xD]

[ J'ouvrirai un nouveau sujet pour cela, ouah ça aurait été court mais c'était amusant ^___^ ]