Nuage de Cannelle était partie vérifier les frontières tôt ce matin-là. Alors qu'elle allait arriver aux environ de la frontière avec le clan de l'ombre qu'elle allait marquer, elle sentit une douleur dans sa patte. Elle la souleva et vit que celle-ci saignait. Elle la lécha et décida de rentrer au clan pour se faire soigner. Elle en profiterait pour discuter avec sa sœur avec laquelle elle ne discutait plus beaucoup depuis qu'elle était devenue guérisseuse. Cela l'affectait beaucoup. Elle voyait le lien qui les unissait disparaître jour après jour. Pourquoi ? Elle ne le savait pas. Sa sœur travaillait toute la journée. Tout le clan avait besoin d'elle. Mais elle semblait aussi oublier que Nuage de Cannelle aussi avait besoin de sa présence.

Elle entra dans le camp en boitant. Puis se dirigea directement vers la caverne de sa sœur guérisseuse. Elle entra et dit :

Coucou Feuille d'Or ! Est-ce que tu pourrais me soigner ma plaie ? Je me suis coupée à la patte.

Cela faisait si longtemps qu'elles n'avaient pas eu une de leurs grandes discussions. Nuage de Cannelle espérait de tout son cœur qu'elle pourrait discuter avec sa sœur.

En ce moment, la jeune chatte rousse travaillait constament. Jamais le temps pour ci, jamais le temps pour ça... mais surtout jamais le temps de parler à sa soeur. Si seulement tout était plus simple ! Elle n'aurait pas pensé que son statut de guérisseuse metterait sa soeur mal à l'aise. Mais c'était ce qui se passait, et personne n'y faisait rien. Qu'est-ce qu'elle aurait bien pu faire, elle qui était débordée ? Heureusement qu'elle n'avait pas d'apprentis, sinon ç'aurait été la cerise sur le gâteau...

De plus, Fleur de Pas-d'Âne était morte il y avait peu. Quelques jours après avoir rencontré Griffe de l'Ours, sa mentor s'était éteinte après une demi-heure d'agonie, sous les yeux effarés de la chatte du Clan du Vent. Ce décès l'avait particulièrement remuée. Jamais elle n'avait vu quelqu'un mourir, hé bah c'était fait maintenant. Le problème c'est qu'elle n'avait jamais vraiment réalisé à quel point elle adorait Fleur de Pas-d'Âne. Et maintenant elle n'était plus de ce monde...

La respiration lente, la guérisseuse dormait à poings fermés. Le soleil était à peine levé et elle méritait bien cette petite pause. Une chatte, sentant le sang, entra. Elle miaula distinctement, ayant l'air de connaître l'endormie :

Coucou Feuille d'Or ! Est-ce que tu pourrais me soigner ma plaie ? Je me suis coupée à la patte.

Se réveillant en sursaut, le souffle court, l'intéressée s'assit. Elle s'aperçut qu'on lui demandait encore et toujours quelque chose quand elle s'y attendait le moins... Des cernes sous les yeux, elle s'étira avant de se diriger vers son interlocutrice. Soudain, elle s'arrêta. C'était Nuage de Cannelle qui s'était blessée. Regardant aussitôt la plaie, elle s'aperçut qu'elle n'était pas profonde. Tout d'abord, elle appliqua de la pulpe de grenade afin d'aider à la circatrisation. Ensuite elle entoura la patte de sa soeur de plusieurs toiles d'araignées qu'elle serra très fort.

"Désolé, ça peut faire mal."marmonna-t-elle.

Puis elle farfouilla dans ses feuilles et graines avant de trouver du souci. Elle passa une feuille à Nuage de Cannelle afin qu'elle puisse la manger en disant :

"Si ça te fait trop mal, mâche ça. C'est censé te relaxer."

Tout cela sans regarder sa soeur. Elle n'y arrivait pas, voilà tout. Elle finit par lancer :

"Tu n'as pas d'autres blessures à me montrer ?"

Nuage de Cannelle n'avait qu'une envie. Parler avec sa sœur. C'était aussi la raison pour laquelle elle avait absolument voulu se faire soigner. La plaie était très petite et ne nécessitait pas vraiment de soins. Elle s'était rendue chez sa sœur la guérisseuse pour pouvoir discuter. Parler de leur vie. Malheureusement elle sentit tout de suite que sa sœur était mal à l'aise en sa présence. Pourquoi ? Qu'ai-je fait ? Elle semblait fatiguée avec ses cernes sous les yeux. Mais ce n'était pas une raison pour être aussi distante avec la rouquine.

Elle lui mit une pulpe sur la plaie et entoura sa patte de toile d'araignée. Elle marmonna :

Désolé, ça peut faire mal.

C'est tout même pas comment tu vas Nuage de Cannelle ? La jeune chatte commença à sentir sa gorge se resserrer. A l'évidence Feuille d'Or n'avait pas envie de lui parler. Elle s'était tournée pour chercher des graines dès qu'elle lui avait bandé la patte. Elle se retourna à nouveau vers elle et lui dit :

Si ça te fait trop mal, mâche ça. C'est censé te relaxer.

Elle ne la regardait pas. Elle ne l'avait pas fixée une seule fois droit dans les yeux. Nuage de Cannelle ne comprenait tout simplement pas pourquoi elle faisait ça. Elle lui avait promis dans leur dernière grande discussion qu'elle resterait toujours pareille avec elle et Feuille d'Or le lui avait aussi promis. Mais pour l'instant cela ne se voyait pas. Nuage de Cannelle n'avait pas changé, elle voulait toujours autant discuter avec sa sœur, elle n'était pas jalouse de son rang. Mais pour la nouvelle guérisseuse, c'était une autre histoire. *Elle semble ne pas connaître les promesses*, pensa Nuage de Cannelle. Elle savait que sa sœur serait obligée de changer un jour ou l'autre mais de là à ne plus lui parler.

Feuille d'Or finit par lancer :

Tu n'as pas d'autres blessures à me montrer ?

Toujours sans regarder la rouquine. Elle semblait ne pas y arriver ou ne pas vouloir. Nuage de Cannelle n'en savait rien. L'apprentie sentit la colère monter en elle, ce qui était très rare et dit à sa soeur :

Nan mais franchement ! Qu'est ce qui te prends ?

Elle fit une très courte pause et continua :

Tu m'as dit la dernière fois qu'on s'est parlé que tu serais obligée de changer tout comme moi. Mais de là à ne plus me regarder en face il y a une énorme différence. Je ne comprends pas. On était si proche. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'il arriverait un jour ou tu n'oserais même plus me parler.

Elle était brisée à l'intérieur d'elle. Après avoir perdu ses parents et son frère, voilà que sa sœur ne la regardait même plus, elle ne semblait plus savoir qu'elle avait une sœur dans le même clan qu'elle.

Je sentis que ma soeur me lançait un regard noir. Je frissonai, et la fraîcheur de l'aube n'y était pour rien. C'était ma soeur qui en était la cause directe. Me mordant la joue, je fixai mes pattes et celle de l'apprentie. Soudain, effarée, je me rendis compte qu'elle sortait les griffes tellement elle était furieuse après moi. Mais qu'est-ce que j'avais encore fait ? Je l'avais soigné, plus que ce qu'il y en avait besoin, qui plus est. A un guerrier, je n'aurai même pas mis de la pulpe de grenade. Or Nuage de Cannelle avait l'âge d'être une garde-frontière accomplie, et c'est à peine si elle en était capable ! Je lui demandai si elle avait d'autres blessures, je m'inquiétai pour elle alors que c'était moi que j'avais envie de calmer. Qu'est-ce qu'elle voulait de plus, mince à la fin !

Nan mais franchement ! Qu'est ce qui te prends ?

Et ça, c'était la goutte qui fait déborder le vase. C'était à moi de dire ça, pas à elle ! C'était elle qui avait décidé de m'étriper, pas moi ! Si seulement elle pouvait s'expliquer, ce ne serait pas de trop. Je planta mes yeux verts acides dans les siens, prête à recevoir ses reproches. Si elle avait envie de se comporter en ancien grognon ou en gamine de 6 lunes, c'était son problème. Pas le mien. Alors qu'elle se dépêche et que je puisse enfin dormir, parce que dans un heure je devrais me remettre au travail et pour de bon.

Tu m'as dit la dernière fois qu'on s'est parlé que tu serais obligée de changer tout comme moi. Mais de là à ne plus me regarder en face il y a une énorme différence. Je ne comprends pas. On était si proche. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'il arriverait un jour ou tu n'oserais même plus me parler.

Alors c'était donc ça sa raison ? Je lui avais dit qu'on changerai. Mais j'avais sûrement oublié de lui dire que pour parler de ce genre de choses à l'avenir, il ne fallait pas me réveiller du pied gauche. Là, je me retins pour ne pas lui sauter dessus. J'étais incapable de me battre, mais la colère m'avait donné des talents de vétéran. Je me retins aussi pour ne pas lui hurler dessus. Non pas parce que c'était injuste ou quoi que ce soit. Mais parce que j'avais nullement envie de réveiller tout le camp. C'est donc en chucotant et sifflant comme un vipère que je lui répondit avec froideur, m'avançant pour la faire reculer et sortir de mon antre à chaque mot appuyé avec rage :

"Désolé, mais quand tu me réveille à une heure pas possible je risque pas de regarder particulièrement à qui j'ai affaire. T'as de la chance que je me suis pas trompé dans mes plantes, vu à quel point je suis endormie."

Savourant le plaisir de la voir le visage décomposé reflétant son état intérieur qui devait correspondre à des éclats de porcelaine, j'ajoutai, enfonçant le couteau dans la plaie avec un soupçon d'ironie :

"De toute façon, je ne t'avais même pas reconnu, si ça te rassure. Mais vu que maintenant, j'ai reconnu qui tu étais, je vais prêter plus d'attention à toi."

Je m'assis au milieu des baies, décidée à faire passer mon chagrin sur elle. Je pensais qu'elle aurait eu de la compassion pour moi, mais non, elle me prenait pour sa nouvelle mère, une Kestrel en miniature. Elle allait en avoir pour son compte. Elle voulait du gentille môman à sa fifille chérie ? Elle allait en avoir. Elle allait devoir comprendre que la vie des chats de la forêt c'est pas du domestique. Manifestement elle n'avait pas compris. Continuant ma tirade, je fis d'une voix sarcastique en papillonant des yeux et en mimant la scène :

"Alors ma chérie, comment ça se passe avec Plume d'Ivoire, on m'a dit que tu allais peut-être passer garde-frontière ? Tu m'a l'air drôlement occupée, toi. Tu gambade au milieu des fleurs-fleurs, avec ton mentor, et tu découvre les chats des autres Clans ? Whaaaa ! Moi, je dois m'occuper de tout le Clan à longueur de journée, et je fais des nuits blanches. J'ai le poids d'une mort sur le dos, et si ça trouve de bien d'autres à venir !"

Les larmes me montèrent aux yeux. L'évocation de Fleur de Pas-d'Âne était quelque chose d'encore dur pour moi. Et elle ne pouvait même pas le voir ! Elle remarquai quand je ne la regardai pas, mais quand je la regardai vraiment, elle me dégoûtait plus que tout. Comment j'avais pu être proche de cette fille ? Ne pouvant plus m'en empêcher, je lui hurla dans les oreilles, en crachant, griffes plantées dans le roc à m'en faire mal et le poil hérissé par le désespoir :

"Tu pourrais pas ouvrir les yeux et voir que, moi aussi, j'ai pas le moral ? J'ai déjà assez à faire alors jouer les soeurs protectrices, non merci ! Ok t'es peut-être dans le même cas, mais moi j'y peux rien ! Si j'avais su ce qu'il allait se passer, j'aurais fait comme Nuage de Silex et j'aurai rompu tout lien avec toi. S'isoler de ma famille aurait peut-être été la meilleure solution !"

Sa sœur la fixa droit dans les yeux et siffla :

Désolé, mais quand tu me réveilles à une heure pas possible je risque pas de regarder particulièrement à qui j'ai affaire. T'as de la chance que je me suis pas trompé dans mes plantes, vu à quel point je suis endormie.

*Une heure pas possible*. Ce qu'il fallait pas entendre. Le soleil était déjà haut dans le ciel et s'était le devoir d'une guérisseuse de soigner ses malades et blessés à n'importe quelle heure. Nuage de Cannelle ne regrettait donc pas d'être venue à cette heure là.

Nuage de Cannelle était déçue du comportement de sa sœur. Elle se réjouissait de la faire souffrir. Elle ajouta même :

De toute façon, je ne t'avais même pas reconnue, si ça te rassure. Mais vu que maintenant, j'ai reconnu qui tu étais, je vais prêter plus d'attention à toi

*Non sans blague, pas reconnue*. Nuage de Cannelle n'y croyait pas. Elle savait que Feuille d'Or l'avait très bien reconnue mais qu'elle avait fait comme si c'était le contraire. Même fatiguée l'apprentie garde-frontière aurait reconnue sa sœur.

La guérisseuse s'assit au milieu de ses baies et continua faisant comme si elle était sa mère, papillonnant des yeux et disant d'une voix sarcastique :

Alors ma chérie, comment ça se passe avec Plume d'Ivoire, on m'a dit que tu allais peut-être passer garde-frontière ? Tu m'a l'air drôlement occupée, toi. Tu gambade au milieu des fleurs-fleurs, avec ton mentor, et tu découvre les chats des autres Clans ? Whaaaa ! Moi, je dois m'occuper de tout le Clan à longueur de journée, et je fais des nuits blanches. J'ai le poids d'une mort sur le dos, et si ça trouve de bien d'autres à venir  !

La rouquine vit des larmes montaient aux yeux de sa sœur. Elle savait que sa sœur avait mal vécu la mort de sa mentor. Elle avait même voulu venir la voir plusieurs fois pour en parler avec elle. Mais à chaque fois, elle était occupée ou faisait semblant de l'être. Elle faisait des nuits blanches, mais ce n'était pas le problème de l'apprentie. Elle elle savait que cela faisait parti des risques en devenant guérisseuse. C'est pourquoi elle n'avait pas fait ce rôle. Soigner des malades à longueur de journée même la nuit, ça ne l'intéressait pas.

Puis sa sœur, plantant ses griffes dans le roc te le poil hérissé, lui hurla et lui cracha :

Tu pourrais pas ouvrir les yeux et voir que, moi aussi, j'ai pas le moral ? J'ai déjà assez à faire alors jouer les sœurs protectrices, non merci ! Ok t'es peut-être dans le même cas, mais moi j'y peux rien ! Si j'avais su ce qu'il allait se passer, j'aurais fait comme Nuage de Silex et j'aurai rompu tout lien avec toi. S'isoler de ma famille aurait peut-être été la meilleure solution !

Comment sa propre sœur pouvait-elle dire ça. Nuage de Cannelle était brisée à l'intérieur. Elle répondit donc :

Si tu voulais pas être fatiguée fallait pas devenir guérisseuse. Parce que quand le soleil est haut dans le ciel tout le monde est réveillé dans le camp. Alors pour pas me reconnaître faut quand même le faire.

Elle fit une pause et ajouta :

Et je t'ai jamais demandé de faire la sœur protectrice. J'étais blessée. Je suis venue parce que je pensais qu'on pourrait discuter pendant que tu me soignerais, ce qui est ton rôle. Mais tu sembles avoir oublié ce que ça signifie. Depuis la mort de Fleur de Pas-d'Âne, tu ne m'as adressée la parole une seule fois. Tu m'évites tout le temps. Moi je voulais te réconforter mais à chaque fois tu faisais semblant d'avoir quelque chose à faire. Je sais que ce n'est pas facile pour toi mais tu ne m'as pas laissée t'aider.

Elle fit une pause et continua des larmes coulant sur ses joues :

Je veux pas une mère. Je veux une sœur avec qui je peux parler et qui ne m'ignore pas au sein même de sa tanière alors que nous ne sommes que deux et que nous aurions pu relouer des liens un peu brisé.

Et s'arrêta de nouveau et reprit :

Et je ne pensais pas que tu trouvais ton rôle si supérieur. Les garde-frontière sont très importants et ils ne font pas que de se balader. C'est à eux que les chefs remettent les missions les plus importantes. Mais je vois bien que pour toi je suis rien. Je ne suis qu'une apprentie raté qui a passé lunes sans mentor à tenter d'en trouver un et qui ne sais même pas que Plume d'Ivoire n'a pour finir pas pu devenir mon mentor parce qu'il a dû s'occuper d'un apprenti que le chef lui avait donné. Mais même ça tu l'ignores

Elle s'arrêta en pleurs. Elle ne supportait pas les remarques que lui avait fait sa sœur. Elle ne savait même pas qu'elle n'avait pas de mentor. Il fallait le faire.

Alors que je m'apprêtai à lui donner la raclée de sa vie, ma soeur m'arrêta par une phrase qui me déstabilisa totalement:

"Si tu voulais pas être fatiguée fallait pas devenir guérisseuse. Parce que quand le soleil est haut dans le ciel tout le monde est réveillé dans le camp. Alors pour pas me reconnaître faut quand même le faire."

Je leva les yeux. Le soleil venait à peine de se lever, et elle appelait cela "haut dans le ciel" ? "Haut dans le ciel", dans mon esprit, signifiait midi ou aux alentours. Là, il était environ 5 heures du matin. La moitié des guerriers n'étaient pas révéillés, et je serais déjà sur le pied de guerre si il y avait eu Cendre de Phénix en train de tempêter et organiser les patrouilles. Alors franchement, c'était plus qu'exagéré. Qui voudrait être fatigué et dépressif ? Personne. Et pourtant il fallait bien qu'il y ait des guérisseurs dans un Clan, non ? Si je n'étais pas là, sa plaie serait déjà infectée depuis belle lurete ! Et puis Nuage de Trèfle, comment il aurait fait ? Il serait mort, voilà la vérité. Pas encore sastisfaite du nombre de bêtises qu'elle venait d'énumérer, Nuage de Cannelle ajouta :

"Et je t'ai jamais demandé de faire la sœur protectrice. J'étais blessée. Je suis venue parce que je pensais qu'on pourrait discuter pendant que tu me soignerais, ce qui est ton rôle. Mais tu sembles avoir oublié ce que ça signifie. Depuis la mort de Fleur de Pas-d'Âne, tu ne m'as adressée la parole une seule fois. Tu m'évites tout le temps. Moi je voulais te réconforter mais à chaque fois tu faisais semblant d'avoir quelque chose à faire. Je sais que ce n'est pas facile pour toi mais tu ne m'as pas laissée t'aider."

Là, c'était vrai. Mais la première étape pour éviter de sombrer dans la dépression, c'est le sommeil. Or elle venait de l'interrompre, mon sommeil. Peuplé de cauchemars, certes, mais reposant tout de même quand il était dans sa phase profonde... J'avais du mal à la suivre dans son raisonnement, alors je commençai à m'assoupir. Son flot de paroles ne m'atteignait plus.

"Je veux pas une mère. Je veux une sœur avec qui je peux parler et qui ne m'ignore pas au sein même de sa tanière alors que nous ne sommes que deux et que nous aurions pu renouer des liens un peu brisé."

Okay, il y avait du vrai dans ce que disait l'apprentie. Mais qu'elle ne mette pas toutes les fautes du même côté ou elle en aurait pour son compte. J'avais peut-être réagi violemment, mais faut pas pousser trop loin. C'est pas en une conversation qu'on résout tout chérie... Tandis que je m'épuisai à écouter la petite boule gigotante, celle-ci éclata en sanglots, formant une véritable fontaine. Je sortis aussitôt de ma torpeur : elle s'était encore blessée ? Mais non, elle hurlait juste :

"Et je ne pensais pas que tu trouvais ton rôle si supérieur. Les garde-frontière sont très importants et ils ne font pas que de se balader. C'est à eux que les chefs remettent les missions les plus importantes. Mais je vois bien que pour toi je suis rien. Je ne suis qu'une apprentie raté qui a passé des lunes sans mentor à tenter d'en trouver un et qui ne sais même pas que Plume d'Ivoire n'a pour finir pas pu devenir mon mentor parce qu'il a dû s'occuper d'un apprenti que le chef lui avait donné. Mais même ça tu l'ignores."

Les gardes-frontières, un poste important ? Mais elle se moque du monde, là. Ils ont le même rôle que les guerriers, à ce que je sache. A part qu'ils ne se battent pas -encore un défaut- et qu'ils patrouillent uniquement autour des frontières, je ne voyais pas la différence. C'était des guerriers spéciaux, voilà tout. Et qui avaient perdu en passant quelques caractéristiques. Mais on pouvait se débrouiller sans. Tandis qu'un Clan sans guérisseur, c'est un Clan en danger. Un Clan sans garde-frontière est moins en danger qu'un Clan sans guérisseur. Les deux sont dangereux, certes, mais le deuxième est bien pire en cas de guerre. Quant au fait qu'elle n'avait pas eu de mentor, à qui la faute ? Si elle s'était débrouillée comme une grande, sans, elle ne serait pas là à chialer. Reconnaître les chats des autres Clans et apprendre à chasser, c'était vraiment pas compliqué ! Même moi j'y arrivai, alors bon... Evidemment avoir un mentor est un atout qui s'est transformé en obligation de nos jours, mais nombreux sont les solitaires qui ont tout appris seuls. Méprisante, j'hésitai dans la conduite à suivre. Soit je la consolai en "gentille guérisseuse" ou plutôt "soeur hypocrite". Soit je la mettai dehors en lui disant ses quatres vérités histoire de mettre les points sur les i. Soit je partais en la laissant plantée là. Lequel serait le plus amusant ? Le premier, j'imagine. Un grand sourire aux lèvres et sans bouger d'un poil, je répliquai :

"Je ne comprends pas très bien ta définition de "tout le monde est réveillé" et de "le soleil est haut dans le ciel". Quant à ton histoire de gardes-frontières, je crois que tu devrais réfléchir un peu avant de sortir des bourdes pareilles. Je ne me crois pas importante. Je pense surtout que plus tu m'embêtera avec tes histoires, plus je perderai du temps. Mais comme je suis une gentille guérisseuse qui sait que si papa et maman voyaient ça ils seraienr tristes, je vais t'écouter pleurer jusqu'au crépuscule. Contente ?"

Au fait je pensais quand je disais que le soleil était haut dans le ciel qu'il était au moins vers 10 h. Parce qu'elle part tôt, elle va quand même jusqu'à la frontière et elle revient en boitillant donc il doit être un peu plus tard que 5 h.

Mais je pense que je vais m'en servir en disant que Feuille d'Or s'est rendormie.

Enfin ça lui prend pas une heure non plus l'aller-retour...

(Je sais pas dans les livres ils mettent quand même assez longtemps à traverser le territoire du clan du vent quand ils vont à la pierre de lune.
J'ai fait une reponse avec ça. Elle serait partie vers 7 h et aurait chassé en chemin. Donc ça aurait mit un peu plus longtemps. Si ça te convient pas dis le moi.]


Nuage de Cannelle vit que sa sœur se foutait complètement de ce qu'elle lui disait. Mais elle l'avait dit. Sa sœur n'était plus qu'une chatte se croyant supérieure aux autres. Elle pensait être plus forte parce qu'elle avait un contact avec la pierre de lune peut-être. De ce contact, la rouquine s'en moquait. Elle vivait très bien sans vouloir faire la chatte étant tout le temps en train de guérir et après d'avoir été tellement fatiguée par les autres qu'elle ignorait sa sœur. Elle elle l'aimait toujours. Elle n'avait toujours voulue qu'une seule chose. Qu'elles restent soudées comme d'autres chattes avant elles l'avaient été. Elle se rappelait des deux filles d'Etoile de Feu qui avait été soudées même lorsque Feuille de Lune était devenue guérisseuse. Alors pourquoi Feuille d'Or n'était pas capable de faire la même chose.

Elle vit que celle-ci faisait des efforts pour se contenir. Elle lorsqu'elle reprit, Nuage de Cannelle sentit instantanément qu'elle faisait son hypocrite avec elle.

Je ne comprends pas très bien ta définition de "tout le monde est réveillé" et de "le soleil est haut dans le ciel". Quant à ton histoire de gardes-frontières, je crois que tu devrais réfléchir un peu avant de sortir des bourdes pareilles. Je ne me crois pas importante. Je pense surtout que plus tu m'embêtera avec tes histoires, plus je perdrai du temps. Mais comme je suis une gentille guérisseuse qui sait que si papa et maman voyaient ça ils seraient tristes, je vais t'écouter pleurer jusqu'au crépuscule. Contente ?

Ainsi elle ne comprenait pas ce que l'apprentie voulait dire. Elle faisait surement semblant de ne pas comprendre. La rouquine lui répondit donc, blessée mais ayant compris :

Eh bien, j'ai quitté le camp ce matin à 7 h. Je suis allée jusqu'à la frontière avec l'ombre, sur le chemin j'ai chassé. Je suis revenue en boitant donc il est plus de 9 h et le soleil est pas forcement "haut dans le ciel" mais en tout cas il est déjà levé depuis un bout de temps et dehors la plupart des chats sont réveillés.

Elle fit une pause et ajouta froidement :

Mais c'est pas grave tu as dû te réveiller vers 5 h et te rendormir. Et vu que je t'ai réveillée, tu as du croire que tu n'avais quasiment pas redormi.

Elle s'arrêta de nouveau et continua :

Je n'ai pas inventé ce que j'ai dit sur les garde-frontière, c'est Plume d'Ivoire lui même qui me l'a dit. Donc si tu trouves qu'ils ne sont pas importants dans le clan tu iras lui dire. Moi je suis consciente que ton rôle est important et que le clan en a besoin mais ce n'est pas une raison, pour dire que les autres chats ne le sont pas. Tous les rangs sont importants dans ce clan.

Mais la chose qui avait le moins plu à la future garde-frontière c'est que ça soeur et dit qu'elle ne lui parlait que parce que sinon ses parents seraient tristes. Elle répondit donc :

Et Feuille d'Or tu te trompes, ce n'est en faisant semblant de me parler et de me réconforter que tu rends papa et maman fiers de toi. Tu n'es pas gentille par ton comportement et j'ai compris. Tu ne veux plus de moi dans ta vie. J'espère juste que tu n'auras pas à regretter tes paroles.

Elle se retourna vers l'entrée de la caverne et sortit en disant bien fort :

Adieu...

Elle était triste, très triste. Les larmes lui montaient aux yeux et mais elle savait qui elle allait aller voir. Elle savait qu'elle allait faire un tour du côté de la frontière avec la rivière, peut-être que Flocon s'y trouverait.

[Dis moi si la fin te convient. Je voyais pas quoi faire d'autre. T'as deux choix : tenter de me rattraper ou faire une fin et après on fera un autre rp]

Feuille d'Or ne jeta même pas un seul regard à sa soeur qui s'en allait, en larmes. Elle s'en fichait royalement. Elle n'allait pas se préoccuper de sa soeur juste parce qu'elle lui faisait la tête, ah çà non ! Jamais elle ne le ferait, de toute façon c'était trop tard. Quand on fait quelque chose, autant y aller jusqu'au bout, même si on est dans l'erreur. A vrai dire, la guérisseuse n'arrivait pas à reconnaître sa faute.

Mais au fond, elle était profondément vexée car elle savait que sa soeur était dans le vrai. Et puis elle avait les remords. Nuage du Silex n'avait jamais refait surface et maintenant elle se disputait avec sa soeur. Elle avait profondément honte d'elle. Comment en était-elle arrivée là ? Elle en avait la réponse : la fatigue, la mauvaise humeur, la peur, plein de sentiments indescriptibles qui l'avaient conduite à cela.

Regardant sa soeur s'éloigner, elle soupira avant de replonger sa tête dans les herbes médicinales. Sa dernière pensée avant de retourner à ses occupations fut : "Mais comment vais-je réussir à la regarder en face ?"

[Sorry, court et nul mais je voulais finir ce RP >.<]