Nuit d'Écume n'arrivait pas à dormir. La nuit, déjà bien avancée, avait jeté un voile de sommeil sur tout le clan... à part lui. Il s'étira longuement. Il était le seul évéillé dans la tanière des guerriers. Il l'avait integrée depuis peu et ne comptait pas beaucoup d'amis parmis les félins endormis à ses pattes - son insociabilitié naturelle n'arrangeait rien. Les voix chuchotaient à son compte, les regards le disaient bizarre... Mais le matou tricolore s'en fichait comme de son premier moineau. Contrairement aux autres, lui s'assumait tel qu'il était vraiment. Il n'avait pas besoin de se voiler à longueur de temps, de masquer ses pensées, refouler ses convictions... Il était different, simplement. Et il aimait le bizarre. Mais pour l'instant, à son grand regret, aucun membre de son clan n'attirait vraiment son interêt. Certains étaient plus "nobles" que d'autres, plus réflechis, plus distingués. Nuit d'Écume avait un soupçon de respect pour eux qui soignaient leur apparance, mais pas plus. Lui, au contraire, jouissait d'un respect particulier que lui vouaient les autres guerriers... Personne ne l'avouerait, personne ne sait pourquoi; et pourtant... C'était un des nombreux mystères qui planaient autour de cet étrange félin.
Nuit d'Écume s'éboura. Assez cogité! Il allait finir par réveiller quelqu'un. Un silence délicieux planait au dessus du camp. Des faibles rayons de lune, lumière blafarde et dérisoire par rapport à la profondeur des ténebres de la nuit, filtraient dans la tanière, caressant ici et là un museau ronflant, un flanc qui se soulevait en un rythme régulier. "Ils sont plus beaux quand ils dorment." Au moins, pas de sourires hypocrites et de pensées totalement débiles, injustes, discriminantes - juste des rêves, innofensifs et innocents. "Les rêves sont tout ce qu'il reste de l'enfance..." à sa grande surprise, notre matou regrettait parfois les jours insouciants des jours dans la pouponnière. Ce temps loin des sombres manigances de l'âge adulte, qui rejoignaient chaque chat tôt ou tard, le plongeant dans un bain de réalité désagréable. Tout en vaquant à ses pensées philosphes, Nuit d'Écume se frayait un passage entre les corps chauds de dormeurs. Pas par pas, il sortit délicatement dans la clairère centre du camp de la Rivière. Nuit d'Écume frissonna brievement - le sol était frois et mouillé... Tout brillait encore d'humidité. Il avait plu. Une pluie fine, chuchotante, une de celles qui semble délivrer les secrets les plus profonds de la nature dans son bruissement, si on sait juste bien l'écouter... Ses doigts d'eau ont probablement couru pendant une heure ou deux sur le sol de la forêt, car tout était trempé. Ces pluies-là sont mesquines; elles s'infiltrent presque sans bruit dans les pelages, dans chaque trou, et avant que tu l'aies vraiment remarquée, elle t'a trempée jusqu'aux os. Un brouillard étrange régnait, dispersant les rayons de lune en une faible luminosité continue, éclairant ainsi d'une lueur inqutante tout les environs. Ajoutez à ça ce silence merveilleux... Quelle ambiance! Nuit d'Écume prit une grande goulée d'air nocturne et mouillé. Quel plaisir! Il se sentit libre. Il traversa rapidement la clairière de son pas dansant puis s'éloigna sans bruit, sans un regrd en arrière. La végétation encore imbibée d'eau trempait son ventre et ses pattes de milliers de petites gouttes argentées, le rafraîchissant délicieusement. Le félin se mit aux aguets; Il aimait défier les proies nyctalopes habituées à la pénombre - la chasse était alors plus difficile, plus grisante. Chaque prise était une victoire sur la nuit. Chaqun a besoin, de temps en temps, de petits moments de triomphe, n'est ce pas? Et c'est ainsi qu'une silhouette féline, fine et élégante, juchée sur quatre interminables perches et dotée d'une démarche toute à fait singulière pour un chat de forêt, s'éloigna de son camp en recherche d'un peu de tranquillité et de quoi fournir le tas de gibier.

Une heure à peu près s'était écoulée, une heure grisante de vent dans le pelage, d'eau sur les pattes, de courses éffrénées de vie ou de mort à travers les sous-bois. Finalement, Nuit d'Écume s'arrêta au bord du cours d'eau frontière entre le Clan de la Forêt et celui des Eaux, le Tonnerre et la Rivière. Le brouillard, résidu de la dernière pluie, s'était un peu dissipé à présent, et le reflêt familier du cercle presque plein luisait sur la surface du ruisseau calme. Le tout évoquait l'atmosphère d'un conte; une nymphe semblait aller s'élever à tout moment, au milieu du reflêt de lune, et commencer à chanter, et les efle danseraient... Mystère et envoûtement, mais aussi danger caché dans la pénombre de la Nuit. Nuit d'Écume s'assit au bord du cours d'eau et écouta son écoulement régulier. Le léger bruit berçait ses pensées et engourdissait sa raison. Peut être que le sommeil allait venir, finalement... Mais pas encore maintenant. Il voulait attendre encore un peu, prêter oreille au chant de l'eau et aux bruissement de la forêt, qui se mêlaient au silence nocturne... Assis fièrement, bien droit, les yeux fixés sur le quasi cercle blanc éclatant sur la rivière qu'était le reflêt de la Lune, il ne vit pas la silhouette intruse se faufiler entre les buissons environs. Il ne sentit rien, n'entendit rien non plus. Et même si il l'aurait entendu, il se serait dit que ça n'était qu'un des multiples bruits inconnus de Cerfblanc la nuit tombée...

[ Gnagnagna moi je dis ! ]

Lion Blanc s'était levé tôt et regardait pourtant son Clan, ses yeux verts plongés dans ceux des passants. Il attendait les ordres. Mais les ordres de qui ? D'un chef ? Tsss, en rêve, Etoile du Crépuscule, enfin Cœur du Crépuscule à présent, venait de déserter, comme un lâche. Mais quel idiot. Quel idiot ! Il aurait pu reprendre les Rochers du Soleil, c'était un moment stratégique ! Avec le Clan du Tonnerre affaibli après la guerre, une autre vague d'assaut aurait pu les destabiliser. Il leva les yeux au ciel. Et quel ciel ? Ah, des nuage sorageux dans lesquels grondaient quelques éclairs d'été. Mais quelle journée. Ah oui, quelle journée ? Celle avec laquelle il allait devoir se bagarrer une fois de plus. Avec la dispence d'Eternité Démoniaque pour devenir la chef, il ne serait pas lieutenant. Il en avait marre, lui qui avait tellement travailler. Mais après tout, c'était son Clan qui comptait. Alors à quoi ça sert de travailler pour son Clan si on ne pouvait pas en devenir le chef. Il grogna. tant de pensées pour si peu de résultats. Bouge quoi. Il se leva, marcha dans la boue et soti du camp, ldes idées nores aujourd'hui. Il l'avait trouvé cette journée. Une journée de merde...

Dehors, ça s'arrangea un peu. Les nuages s'écartèrent pour laisser quelques rayures bleues s'inflitrer. La lumière reprenait ses droits et le pelage blanc du chat reluisait sous le timide soleil. Il sauta sur un rocher et regarda les alentours. Il devait chasser un peu, ça s'est sûr. Mais où ? Il passa en revu son territoire en plissant les yeux. La rivière peut-être. Elle serait sûrement inondée, mais il y avait des chance pour pêcher quelques poissons aventureux. Il suata de son perchoir et parti. Quelques gouttes perchées sur les plus hauts brins d'herbe vinrent tremper sa fourrure duveteuse, mais il n'en mena pas large. Il devait se dépêcher, il n'avait pas trop de temps. Après tout, la vie était une course contre la montre. Il arriva devant la rivière. mais, oh, surprise, un autre félin de son Clan était là. Nuit d'Ecume. Lion Blanc fronça le museau et sortit du feuillage. Il connaissiat le guerrier, évidemment, mais il devait lui avoir adresser la parole que deux ou trois fois. Ce chat était plus âgé que lui. Il le regarda un instant avant de prévenir sa présence en poussnat un miaulement rauque. Au moins ne pas faire mourir ses camarades de crises cardiaques ce serait cool. Il arriva près de lui en levant la tête. Nuit d'Ecume était un peu plus grand que lui, mais Lion Blanc était plus garni en fourrure. Les poils de son cou lui donnait l'impression d'une crinière, d'où son nom. L'autre avait un pelage tricolore et déjà plus voyant. En hiver, le chat noble se glissa facilement dans son territoire. Il lui adressa un signe de tête et s'assit près de lui, décontracté. mais aucun sourire ne vint illuminer son visage. Il se contentait de dévisager l'autre en silence. Puis il finit par dire sans aucune touche de sympathie dans sa voix :


« Nuit d'Ecume... Alors, tu chasses par ce temps minable ? Tu ne préfères pas faire bonne impression face au nouveau chef ? »


[ Je fais comme si Crépsou était déjà parti ]