~Quand on s'ennuie, on pense que l'on a jamais rien a faire. Mais en réalité, on flâne lorsque le travaille nous passe sous le nez...~
Le chat noir posa sa patte plus loin qu'a sa dernière foulée, il ne tenait pas à trébucher et tomber comme quelques minutes plus tôt. Un merle poussa un cri d'alerte lorsque Sempi passa sous la branche où il était posé. Le félin leva la tête vers l'oiseau, réfléchit un instant puis continua sa marche lente et sans but. Le volatile avait sans doute averti les proies aux alentours, il lui serait donc impossible de ramener un prétexte au camp, alors qu'il s'était éclipsé en début de matinée. Lourdement, il s'assit au pied du vieux marronnier, et soupira. Il avait passé sa journée à errer dans les bois, sans rencontrer un seul autre chat. Cette balade lui avait rappelé l'époque où il était encore un jeune chat solitaire orphelin. Il ne s'était pas encore habitué à la vie en clan, et aimait se retrouver seul pour réfléchir. Depuis qu'il avait vu mourir son père, sa seule famille, il cherchait désespérément un but dans la vie. Les autres chats lui disaient tous la même chose : la loyauté au clan ! Mais lui, n'y était pas né et n'avait pas cette ferveur et ne mettait pas le même coeur au travail que les autres. Palabre Sempiternel n'avait pas vraiment d'amis. Seulement des connaissances. Lui qui aimait discuter, il ne le faisait jamais. Pourquoi ? Il n'en savait rien ! Souvent, il allait voir les anciens, quand quelques chatons l'accompagnait, et ils inventait des histoires pour les faire rêver.
Sempi, qui commençait à s'ennuyer fermement, leva la tête vers le ciel. Entre les branche du marronnier, il perçut le soleil à son zénith. Mais son attention se porta sur les branches larges et imposantes du vieil arbre, où un écureuil insouciant mangeait un fruit à coque. Celui-ci ne l'ayant pas vu, le chat noir et blanc commença à escalader le tronc le plus discrètement possible, et se tapit sur une branche voisine à celle du rongeur. Palabre Sempiternel ne se risqua pas à regarder en bas, la hauteur à laquelle il était pouvait lui faire perdre tout ses moyens. Il rampa, le ventre collé à l'écorce et les griffes fermement plantées pour ne pas tomber. Il s’apprêta à bondir, se ramassant sur lui-même, et sauta, s'étirant de tout son long, toutes griffes dehors. Son vertige lui était un handicap, mais c'est un très bon chasseur dans les arbres. Il atterrit près de sa proies et la précipita d'un coup de patte dans le vide, essayant de s'équilibrer sur la branche fine se balançant violemment L'écureuil mourrut sur le coup en se heurtant la nuque contre une racine en tombant. Palabre Sempiternel ne le vit pas, pour cause qu'il avait dérapé et s'était rattrapé de justesse à cette même branche, mais manquait de tomber à présent. Ses tentatives pour remonter étaient veines, maintenant il attendait le moment où ses griffes cesseraient de glisser sur l'écorce et où il entamerait sa chute...