Cette phrase ne cessait de hanté les pensées de Murmure du Vent. Cette phrase qui la harcelait inlassablement quelques soient les efforts qu'elle fasse pour la repousser. Cette phrase qui, contre tout attente, la blessait bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Lorsque l'on lui avait sous-entendu qu'un jour, elle devrait le clan, elle avait répliqué : "La vie de clan m'importe peu. Que je sois seule ou entourée ne change rien à ce que je suis et ce que je veux". Mais maintenant qu'elle avait été rejetée de tous, elle commençait à regretter. Mais pourquoi avait-elle dû se disputer avec Eau Glacial, cet ancien qui ne cherchait qu'à la résonner ? Pourquoi avait-elle dû lui hurler qu'il n'était pas son père et qu'il n'avait en aucun cas le droit de la juger et de lui dire quoi faire ? Pourquoi avait-elle dû, sous l'effet de la colère, se jeter sur lui et entamer un combat sanglant, en plein milieu de la tanière des anciens ? Pourquoi n'avait-elle pas sût s'arrêter et avait ôté la vie à ce chat, qui s'était révélé être son père ? Pourquoi ?

Murmure du Vent secoua la tête dans le vain espoir de chasser ces pensées de son esprit. Devant elle, un diaporama à couper le souffle, visible seulement des hauts plateaux. La forêt s'étendait sur ce que d'ici ne semblait être que quelques queues-de-sourie. La rivière serpentait à travers cette étendue de verdure, tel un serpent dans les herbes hautes des champs de blé, au même se déployant tout autour de la face est de la forêt et ce jusqu'à perte de vue. Au milieu de la forêt se dressait les Quatre Chêne, ces arbres majestueux à l'ombre desquels Murmure du Vent avait passé tous ses moments de solitudes. Et enfin les landes. Cette étendue de végétation où elle avait passé le plus clair de son temps, accompagnée de son mentor. Maintenant, tout cela été derrière elle et elle ne pouvait plus se retourner, elle n'en avait pas le droit. Marcher la tête haute sur ce nouveau chemin qu'elle avait emprunté ... Elle n'avait plus que ça à faire.

Ce fut ainsi que la jeune chatte clôtura ce chapitre de sa vie. Les regrets s'envolèrent, balayer par ce vent du nord qui caressait la fourrure de Murmure. Après tout, ne s'était-elle pas toujours considérée comme une fille du vent, Aussi farouche et impétueuse que lui ? Elle n'avait besoin de rien d'autre que de la liberté ... La solitaire adressa un dernier regard à cette vue magique avant de se retourner, un sourire sur les babines.